Le slow était une danse que l’on préparait à l’avance

le slow

Le slow est une madeleine de Proust. Un souvenir romantique, un sourire nostalgique vers lequel je me tourne aujourd’hui. Ne revenons pas sur sa disparition des soirées de notre jeunesse. Cette hérésie sera sans doute réparée  par un titre ou une opération de marketing musical. Revenons alors vers le concept même.

Le slow était une danse que l’on préparait à l’avance. Orchestré militairement par 2 bandes : les garçons et les filles. René Char a dit « Prévoir en stratège, agir en primitif ». La cour du collège était notre  Bretton woods. Les petits mots se passaient en cours de français dans des codes inconnus du corps professoral. Les tractations étaient âpres et parfois rudes. Nos cerveaux de prépubère fourmillaient à l’avance de tactiques géniales nous permettant d’inviter la fille à couettes de nos rêves pendant les slows. Alliance, trahison et tractation. Et puis venait le moment.

Nous savions déjà à l’avance avec qui nous allions danser.

Le moment arrivait. La musique débutait (prière de lancer le titre ci-dessous). Les garçons les plus vaillants s’avançaient vers les jeunes filles qui gloussaient alors comme un troupeau de MILF devant Christophe Maé. Les couples se formaient dans un ordre déterminé, à l’inverse des boutons qui, à cette époque, pointaient le bout de leur nez.

L’instant magique commençait. Nous nous effleurions pour débuter. Nos doigts frôlaient le corps un peu chaud et tendu qui nous servait de partenaire. Puis les mains devenaient plus fermes, plus confiantes. Les garçons tentaient alors de descendre vers la chute de reins féminine, doucement, en pensant maladroitement que notre jeune partenaire était dupe. Elles se laissaient souvent faire en souriant. Nous nous arrêtions juste avant la dernière courbe. Juste assez pour rêver un peu. Juste assez pour ne pas en prendre une. Et puis nous fermions les yeux.

Fin de la chanson. Nous courions dans notre coin du ring pour débriefer le combat entre guerriers. Nous expliquions avec force détails les étapes que nous avions passées si difficilement. Nos voix étaient haletantes. Les mots sortaient sans attendre. Il fallait être rapide, une autre chanson allait débuter.

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  • beatnikita
    beatnikita

    D’ailleurs, Scorpion est en pleine tournée d’adieux en ce moment.

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  • Riton
    Riton

    Ah là là, tu viens de me donner la chair de poule et de me faire marrer en même temps. Quelle époque putain.

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