La tempête après le calme

C’est un peu bizarre. Un peu vide. C’est l’effet du JT d’hier.

Tu ne demandes rien à personne et tu ne fréquentes pas grand-monde. Ta femme tes gosses ton golden retriever. Ce n’est pas comme si ton travail te permet de faire comme bon te semble.

La nuit, tu fais du pain, des miches, des tresses au chocolat. Des entremets glacés et des chouquettes. Tu sers les croissants et le café à tes amis qui reviennent de boîte. Le jour, tu vends sans t’arrêter, être la seule boulangerie à plusieurs kilomètres à la ronde n’implique pas beaucoup de repos.

Oui, c’est un peu bizarre aujourd’hui. Tu avais l’habitude de voir cette dame discrète, polie, venir à la boutique. Même si tu n’as que des relations client-boulanger. « Il est bon, il est frais mon pain », c’est ce que tu dis, tu tends la baguette, tu encaisses, et point final. Mais, tu aimais bien voir ses gosses qui attendaient. Dès fois. Ou qui laissaient glisser leurs doigts boueux, le long de l’immense vitrine les séparant des tartelettes et autres éclairs au chocolat.

Petite île. Petite gens. Aujourd’hui, personne n’avait le sourire. Quelque part, tout le monde se connaît sans se connaître vraiment. Quand ta femme t’a parlé de cette histoire, tu t’es dit que le monde ne tourne pas rond. Ton île, personne n’en parle jamais. A part sur les sites de vacances, pour des séjours de balnéothérapie. Et maintenant qu’on en parle, c’est pour un massacre ignoble. On n’aurait pas pu parler de l’intégration réussie ?

Les journaux, la télévision, la radio, les sites Internet.

Tous ces mots, ces horreurs, ces faits divers, contés par des personnes insensibles tellement loin, tellement loin de se douter de ce qu’est vraiment la vie ici. Tellement avide de sang, de tuerie, de sueurs froides.

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