The Counselor : Court Cartel, (trop) court…

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Cartel, c’est le nouveau Ridley Scott. La carrière du cinéaste connaît des hauts et des bas depuis 1977 (Les Duellistes) jusqu’à 2012 (Prometheus) ; une succession de films-fleuves dont il paraît fastidieux (vu le nombre) de démêler le bon grain de l’ivraie. En règle générale, Ridley Scott a au moins le mérite de nous offrir des films intéressants, à défaut d’être toujours bons. Qu’à cela ne tienne, son petit dernier, Cartel, est à présent sur les écrans, donnons-lui un petit coup de projecteur et voyons ce qu’il en ressort.

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Cartel, c’est d’abord un casting de rêve des années 90 : Cameron Diaz, Penelope Cruz, Brad Pitt. Avec une pincée de noms de la nouvelle donne, citons Javier Bardem, Michael Fassbender, Toby Kebbell (Rock’n’Rolla)… Des choix pas forcément surprenants connaissant les récents succès et le talent des sus-cités ; mais une véritable bonne idée ? Pas toujours. Développons : dans son rôle d’avocat-conseil aux abois qui met le doigt dans le trafic de stupéfiants pour s’y retrouver englué comme un chaton dans de la mélasse, Michael Fassbender est très bien. Dans celui de l’intermédiaire blasé, rompu à toutes les combines qui rapportent, Brad Pitt compose avec ce qu’il faut d’excès le bonhomme suffisant, torturé seulement par l’envie d’étaler sa connaissance du monde du crime et celle de se laisser séduire par les démons qui le hantent. Cameron Diaz joue d’un registre plus convenu, mais qui se découvre dans la longueur, son personnage sans être vraiment complexe, s’entoure d’un nuage de scènes excentriques piquant (parfois même un peu trop) la curiosité.

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Javier Bardem est un cas particulier au sein de ce ‘cartel’ d’acteurs à étoiles ; outre une présence assez dispensable au niveau de l’intrigue, il affiche un look étrange qui pourrait sans doute fonctionner s’il n’y avait pas eu ‘Skyfall‘ l’année précédente pour lui donner un goût de déjà-vu. Autant ‘No Country For Old Men‘ (on y pense souvent devant ce film) déjà scénarisé par Cormac McCarthy, lui donnait un rôle en or, autant Cartel le laisse un peu sur la touche, et c’est dommage. On en dira autant de Penelope Cruz, dont le rôle se borne à de longues, touchantes mais presque trop naïves scènes d’amour qui tranchent sur le côté incisif du film ; oui, parce qu’en dehors des affaires de couple de Michael Fassbender et Penelope Cruz, ça tranche dans le vif et ça canarde dur quand le ‘Cartel’ éponyme se met en branle. Les scènes les plus indispensables de Cartel tournent d’ailleurs toutes autour de la mort : c’est un film violent et cruel, qui pourrait tout à fait devenir un classique du genre sans un défaut majeur : malgré ses 117 minutes, il est trop court.

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En fait, c’est souvent là que ça coince avec Ridley Scott ; habitué des ‘director’s cut’ interminables mais de qualité, il livre souvent sous la pression des producteurs des films médiocres, parce que tronqués. C’était le cas pour ‘Kingdom of Heaven‘ déjà, et le coeur d’une polémique avant même la sortie de ‘Prometheus‘ ; ici, manifestement, le réalisateur britannique propose directement un film en format 120 minutes, presque sans longueurs, coupé, élagué, rasé de près pour la projection en salles – l’air de dire : « vous voyez, je peux le faire ». Mais il ne devient pas pour autant les frères Coen, dont l’adaptation de ‘No Country for Old Men‘ a fait date, et ses vieilles habitudes l’emportant, il donne un objet cinématographique dont le scénario fait tant de place à l’élision et à la concision qu’il en oublie de s’expliquer, nous laissant trop souvent seul avec le personnage, à essayer de deviner non pas ce qui va bien pouvoir arriver ensuite, mais ce qui se passe, là. C’est d’ailleurs tout le paradoxe du titre français du film : le cartel est effectivement au cœur de l’histoire, mais on ne l’y voit jamais que par personne interposée. On comprend enfin, mais trop tard, l’aspect prophétique des toutes premières scènes du film ; quand aux scènes de violence, plutôt pas mal filmées d’ailleurs, dont au moins deux peuvent rester cultes, elles sont souvent comme déconnectées du tout. C’est dommage, car sans leur exceptionnelle qualité on resterait complètement sur sa faim. Le défaut de Cartel, ce n’est pas d’être mauvais en soi mais c’est que le liant manque entre les ingrédients, pas faute d’idées mais manifestement faute de temps ; un peu comme une orgie romaine de plats succulents et chargés, à s’enfiler vite fait pendant la pause déjeuner. J’aime beaucoup ce film ; mais je l’aurais aimé un tout petit peu moins…frustrant.

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