Sils Maria – pour l’amour des actrices

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A l’avant-première lyonnaise de Sils Maria d’Olivier Assayas, le réalisateur nous confiait qu’il lui était toujours difficile de présenter son dernier film sans les actrices puisqu’il avait non seulement été écrit pour elles mais qu’en plus elles avaient activement participé à son évolution. Lorsqu’on le regarde, il est très clair qu’Assayas rend non seulement hommage au métier d’actrice mais leur déclare également un amour sans borne pour leur travail.

Marie Enders est une actrice désormais célèbre de 40ans interprétée par Juliette Binoche. Sa renommée est née il y a 20 ans lorsqu’elle a joué Sigrid, une jeune femme manipulatrice dans une pièce de théâtre. Cette fois, c’est pourtant Helena, l’amante manipulée de Sigrid (de 20 ans son aînée) qu’on lui demande de jouer. Marie Enders doute, craque : comment appréhender le temps qui est passé ? Comment être Helena alors même qu’elle se rêve encore Sigrid ? C’est Valentine (Kristen Stewart), sa jeune assistante qui tente de la réconcilier avec ce personnage détesté en lui donnant son interprétation de la pièce. Quant à la nouvelle Sigrid, elle est interprétée par Jo-Ann (Chloé Moretz), jeune actrice qui a joué dans des blockbusters de science-fiction et célèbre pour ses excès de débauche qu’on retrouve un peu partout sur le net. A l’heure de la peoplisation absolue, où nos moindres faits et gestes se retrouvent immédiatement sur la toile, comment ces trois actrices, issues de trois mondes différents, gèrent-elles la chose ?

C’est évident que la force du film repose sur ce trio inattendu. Juliette Binoche est une actrice plutôt classique, qu’on a vu dans de nombreux grands rôles, la perfection de son jeu n’est plus à prouver. Kristen Stewart est connue pour Twilight, vient donc d’une certaine culture  adolescente et elle doit faire ses preuves pour être acceptée dans le cercle très fermé des « grandes actrices », ce à quoi elle parvient grâce à ce film dans lequel elle excelle. Enfin, Chloé Moretz, du haut de ses 17ans est célèbre pour son rôle dans Kick-Ass, film de la culture dite « geek ». En jouant avec les trois parcours de ses actrices, Assayas parvient à nous livrer une réflexion intéressante sur leur travail, sans jamais dénigrer les cultures populaires dont sont issues les deux plus jeunes.

L-equipe-Du-Film-Sils-Maria_visuel_galerie2_abLe film est constitué de deux parties et un épilogue. Si la première partie reste intéressante pour poser les bases de la relation Valentine/Marie, assistante/actrice, c’est dans la deuxième partie qu’elle prend toute son ampleur. Isolées dans un chalet en Suisse, les deux femmes répètent la fameuse pièce tout en argument chacune leurs points de vue sur celle-ci. Cette partie donne lieu à de nombreuses scènes fabuleuses dans des registres tout à fait différents. A travers la relation fictive Sigrid/Helena, c’est la relation de Valentine et Marie qui est mise en jeu, qu’on nous donne à voir. C’est également dans cette partie qu’Assayas nous dévoile toute la beauté de sa réalisation à travers de nombreux plans sur les montagnes suisses et le célèbre phénomène météorologique « Majola Snake ».

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Enfin, arrive l’épilogue, peut-être un peu en-dessous du reste du film. On comprend certaines choses, de la même façon que Marie Enders apprend à vieillir. Cette fin n’a d’ailleurs d’intérêt que pour le dernier plan majestueux sur le visage de Juliette Binoche, plus belle que jamais. J’ai lu récemment une phrase de je-ne-sais-trop-qui qui affirmait qu’il était facile au cinéma de faire en sorte que le spectateur sorte angoissé, pas bien, d’un film, mais qu’il était très difficile de créer une oeuvre à la fin de laquelle il se sente bien. C’est pourtant ce que parvient à faire Olivier Assayas avec Sils Maria : il nous apaise et nous permet d’appréhender l’avenir avec moins de crainte.

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Avec Sils Maria, Olivier Assayas signe un joli film et a l’intelligence de savoir s’effacer au profit du jeu de ses trois (mais surtout deux en réalité) grandes actrices. Si Juliette Binoche confirme qu’elle sait tout faire, Kristen Stewart met un pied dans le cinéma d’auteur. Pourvu qu’on lui donne la chance d’interpréter de nouveau de si beaux rôles

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