Near Death Experience : Houellebecq s’ennuie.

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Near Death Experience est le dernier film de Delépine et Kervern, illustres personnages de Groland et qui nous ont déjà prouvé à maintes reprises leur talent certain pour l’humour noir et absurde avec l’excellent Louise Michel, sans parler du formidable Mammuth puis récemment, Le Grand soir. 

Il est très clair qu’ils ont un goût prononcé pour les personnages un peu en marge, faisant jouer tour à tour Yolande Moreau, Gérard Depardieu, Albert Dupontel et Benoit Poelvoorde. Alors, quand ils nous annoncent que le rôle principal de leur nouveau film est interprété par Michel Houellebecq, la surprise n’est pas forcément au rendez-vous.

Paul a 56 ans. Il a une femme, deux enfants, un travail et du diabète qu’il essaye de contrer en faisant du vélo. Une vie normale donc, mais tellement peu passionnante que Paul la fuit. Il prend son vélo et envisage très sérieusement de se suicider ; ce qu’il essaye de faire à maintes reprises, sans succès puisqu’il le dit lui-même : pour se donner la mort il faut du courage (il n’en est pas dépourvu) et de la chance (ce qui lui fait précisément défaut). Alors, Paul erre dans les montagnes, fait le point sur sa vie, adresse ses derniers mots à ses proches.

Voilà un synopsis sensiblement quelconque mais qui, chez Delépine et Kervern promet de grandes choses.
Seulement, passées ces grandes lignes scénaristiques vient le néant. On s’ennuie ferme devant Near Death Experience et Houellebecq, en non-professionnel, ne parvient pas à nous entrainer dans ses considérations philosophiques.

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Pourtant il existe de vrais jolis moments, des petits instants suspendus, le temps d’une partie de « je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette » ou encore d’une danse effrénée comme si c’était désormais sa seule raison de vivre.

Finalement, le vrai problème de ce film vient des atteintes qu’il a crées et qu’il ne comble pas. Prenons déjà la bande-annonce qui veut le faire passer pour un film comique. Dans celle-ci vous verrez donc les 2-3 passages un peu drôles alors même que le film n’a pas vocation à nous faire rire, au contraire.  Finalement, on réfléchit un peu, on voit Houellebecq dans un piteux état sur tous les plateaux TV et on se dit qu’on va être face à un film profond sur le sens de la vie, sur l’ennui pascalien, et que le personnage principal va terriblement nous angoisser. Non plus.

Ce qui reste de Near Death Experience c’est 1h20 de longueurs impossibles. Alors peut-être pourra-t-on se dire « Oh, un film où le personnage s’ennuie et donc le spectateur aussi c’est vachement réussi », mais je ne suis pas de ceux-là.
Peut-être parce que je suis une inconditionnelle du travail de ces deux réalisateurs, peut-être avais-je trop d’attentes sur ce film qui ne les comble pas mais Near Death Experience n’est qu’une déception un peu amère pour moi. Jamais Delépine et Kervern n’élèveront leur propos plus haut que des considérations évidentes et naïves, de même que Houellebecq restera Houellebecq et n’incarnera jamais vraiment Paul.

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En nous promettant une expérience de mort imminente pourtant, le contrat est rempli : on sort de la salle plus mort que vivant.

 

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