Le choc des titans
Batman vs Superman est peut-être le film le plus attendu de l’année, en tout cas il est certainement celui qui aura coûté le plus cher et le plus ambitieux de tous.
Avec Batman vs Superman Warner a pour but de concurrencer Marvel et se doute que l’engouement pour les super-héros ne sera pas éternel. Elle saute alors toutes les étapes, ne prend pas le temps de consacrer un film pour chaque personnage et décide de faire un crossover afin de créer un univers en un seul coup. Zack Snider rempile après son Man of Steel de piètre mémoire et s’occupe maintenant de régler son compte à Batman.
Le film n’avait pas grand-chose pour lui dès l’annonce initiale à commencer par son casting. Henry Cavill n’avait pas su convaincre en Superman, Ben Affleck n’a jamais été un grand acteur et avait peu de chances d’égaler la prestation de Christian Bale, Gal Gadot, potiche de Fast and Furious, n’était clairement pas une amazone et Jesse Eisenberg en Lex Luthor se pose certainement comme une des pires idées de casting de ces dix dernières années. Et en effet, rien ne fonctionne réellement, Eisenberg part dans un numéro de cabotinage qui fait peine pour lui et arrive a anéantir chaque scène où il apparaît, les autres sont beaucoup trop fades pour qu’on s’intéresse à eux, seul Ben Affleck s’en sort à peu près mais sans être non plus magistral. On vous passe Aquaman, Flash et Cyborg dont les apparitions tiennent plus de la (mauvaise) blague que d’autres chose.
L’homme qui sort son épingle du jeux est bel est bien Snyder lui même, qui retrouve l’inspiration après une longue traversée du désert. Que l’on aime ou pas le bonhomme, il faut bien reconnaître que son style est unique. Beaucoup considère la sur stylisation de 300 et de Watchmen comme des errances kitchs de pub pour parfum mais force est de reconnaître que l’homme, quand il veut, maîtrise son sujet, et que malgré le manque de subtilité de l’ensemble, le réalisateur arrive à iconiser ses personnages et a créer quelques moments visuellement magiques. Un film de Snyder ne vaut que pour ses images et celui là ne fait pas exception. Après un Man of Steel brouillon où Snyder essayait de tout faire sauf du Snyder en méa culpa de ses précédents ratages (Sucker Punch et Les gardiens de ga’Hoole) le réalisateur plonge à bras le corps dans ce qui faisait son charme et retrouve l’ inspiration qui lui a fait si longtemps défaut. En bref, le film est beau a tomber. Rarement, un film avait su mettre à l’image un univers de comics de telle façon. On entre réellement dans une Bd DC, Snyder comprend ce qu’il adapte et trouve le ton juste pour mettre au monde cet univers, mais seulement graphiquement…
En effet, le défaut majeur du film est un des plus grave possible, a savoir son écriture.
Difficile d’en parler sans spoiler quoi que ce soit mais chaque dialogue chaque transition de scène, chaque situation est profondément stupide, les meilleurs moments sont ainsi gâchés, à commencer par le fameux duel entre les deux héros, magnifique au demeurant mais qui s’achève par une pirouette scénaristique des plus ridicules. Le film est d’une rare prétention, pensant s’attaquer à des problèmes profonds et intellectuels, et se prend constamment les pieds dans le tapis du fait de ses raccourcis scénaristiques hallucinants (surtout pour un film de 2h30) et de ses situations toutes plus ridicules les unes que les autres. Le film se permet en plus de tout, un combat final délirant et bariolé contre le méchant Doomsday et opère alors un changement de ton de dernière seconde qui même si il n’est pas du meilleur goût, possède au moins le mérite de la générosité.
Bref un film complètement boiteux et prétentieux mais en même temps riche, généreux et visuellement superbe.
Un film respectueux de son univers mais en même temps tellement bête qui lui fait plus de mal que de bien. Un film gigantesque et ultra ambitieux, profondément raté, mais qu’il est dur de détester.
Bilan : Batman Vs Superman Une nette amélioration après Man of Steel mais il reste un long chemin a parcourir si DC veut se hisser ne serait-ce qu’à la cheville de Marvel.