La ligne de sang by DOA

La ligne de sang est un polar bien prenant et ingénieux qui aborde des sujets pas très originaux mais avec un angle un peu neuf. Par ses qualités, ses défauts et ses personnages écorchés vifs, il m’a rappelé Les Racines du Mal de Maurice G. Dantec.

La ligne de sang est un roman policier écrit par DOA et publié en 2010. DOA est un acronyme (Death On Arrival) qui dissimule une plume bien aiguisée. L’auteur s’est fait connaître en 2007 avec Citoyens Clandestins. Dans ce premier roman, le lecteur suivait les destins croisés d’une jeune journaliste idéaliste qui essaye d’intégrer un cellule djihadiste pour percer dans le journalisme et un tueur à gages de la DCRI qui s’intéresse lui aussi à la cellule djihadiste mais à des fins plus définitives. C’est un gros pavé de 800 pages qui tient en haleine le lecteur en s’intéressant autant au job de ces deux personnages qu’à leur vie privée un peu terne et pas très joyeuse. C’est le trait d’union avec La ligne de sang. Il est encore questions de paumés qui n’ont que leur job pour oublier le néant de leur vie sentimentale. Mais l’auteur lâche l’espionnage et le djihadisme pour s’intéresser à un fait divers aussi chiant qu’un épisode de Julie Lescaut : un motard qui a un accident, tombe dans le coma et dont la police essaye de reconstituer la vie. Qui est-il ? Où vit-il ? Où est passée sa petite amie ? Pourquoi sa mère refuse-t-elle de venir le voir à l’hôpital? Et petit à petit d’autres questions se font jour, par petites touches successives : Que contenait la boite que transporte le motard ? Qui est ce gros chien noir ? Une poupée vaudou, tiens donc ? Qui est ce sorcier italien qui achète une scierie dans le massif de la Chartreuse ? Petit à petit, ce qui a démarré comme un fait divers bascule vers autre chose. Un roman beaucoup plus noir et glauque, un univers occulte que n’auraient pas renié JC Grangé ou même (ou surtout dirais-je) le Maurice Dantec des Racines du Mal.*

L’auteur a ce talent de ne pas trop en dire, laissant au lecteur le soin de digérer l’information pour comprendre par lui même le sens des événements qui se succèdent et que les protagonistes ne perçoivent pas vu que, eux, n’ont pas toutes les cartes en main. C’est diablement bien joué et bien construit.

On peut cependant regretter une fin un peu trop rapide qui clôture le récit par une pirouette. Cet épilogue coup de poing laisse en suspens un très grand nombre de questions, même si dans ce domaine, le mystère vaut certainement plus que les explications.

la ligne de sang

(*) Attention, je vais un peu spoiler : Car la ligne de sang comme les racines du mal abordent sans complaisance et avec un traitement similaire le sujet de monstres totalement désinhibés et insensibles, évoluant dans un univers parallèle où les autres hommes sont des proies tout juste bonnes à assouvir leur faim de souffrance et de mort.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *