Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona ou Enfance, deuil et merveilleux…

Ahhh la féerie, le fantastique et le merveilleux, ses 1001 ressorts afin de nous éloigner des affres de ce monde merdique sclérosé par les guerres, les attentats, les maladies et la famine. En littérature, en art, comme au cinéma ce genre est un exutoire en soi et de bien des façons nous permettant de nous évader et de supporter la dureté des réalités qui nous entourent. Et c’est précisément le sujet de Quelques minutes après minuit le nouveau film du (prodige) ibérique Juan Antonio Bayona qui nous avait réalisé le poignant The Impossible, le surestimé l’Orphelinat et qui s’apprête a nous pondre Jurrassic World 2 aka Jurrassic Park 5.  

 Le jeune Connor peine à faire face au cancer qui ronge sa mère, au harcèlement continu de ses camarades de classe et à la ferme froideur de sa grand-mère. Pour fuir son quotidien, chaque nuit il s’échappe dans un monde imaginaire où il rencontre une créature extraordinaire qui va tenter de lui donner le courage d’affronter la vérité en lui racontant plusieurs contes initiatiques…

 Je vous avoue que j’ai quelque peu trainé des pieds lorsque j’ai reçu une invitation pour ce film. N’ayant réellement pas vraiment apprécié son Orphelinat j’avais la grande crainte que ce film soit une fois de plus un de ces films surestimés que l’on donne en pâture à un publique lambda incapable de faire la différence entre un épisode de Julie Lescaut et un film comme Seven. Mais une fois que le film a démarré, je me suis progressivement laissé emporté dan les rêveries nocturnes du petit Connor et je suis tombé sur un film poignant, traitant admirablement du deuil et de l’enfance. Certes une grande part de la trame est quelque peu téléphonée et rappelle par moment le merveilleux l’Histoire sans fin ou le labyrinthe de Pan, mais franchement ce n’est pas grave tant la réalisation est belle et que les acteurs sont impeccables.

 Au fur et à mesure des histoires racontés et magnifiquement mises en images au travers de séquences d’animations tout droit sorties d’un livre pour enfants.  Au fil des images nous entrons nous aussi dans le processus d’acceptation et de résignation qui nous ramène a nos propre craintes vis à vis de la mort et de la perte d’êtres chers.

 Le film tiré du roman éponyme de Patrick Ness en devient progressivement de plus en plus poignant et émouvant. Et ce n’est pas anodin. Car outre, une magnifique direction artistique, une belle mise en scène, Quelques minutes après minuit bénéficie d’un casting superbe. Outre le petit Lewis MacDougall, qui est épatant et vraiment touchant dans le rôle du petit Connor, les véritables pépites sont les deux comédiennes qui campent la jeune mère ainsi que celle qui interprète la grand mère de Connor, à savoir la talentueuse Felicity Jones (Une merveilleuse histoire du temps, Rogue One a star Wars story). Elle est merveilleuse en jeune mère mourante et la grand mère dans tout les sens du terme est la merveilleuse Sigourney Weaver (Alien, Gorilles dans la Brume) qui confère au personnage de la grand mère rigide une stature et une profondeur peu commune. Quand à la créature qui est superbement crée en numérique et qui reprend un peu le style visuel d’un homme arbre géant rappelant un peu trop le sympathique Groot et les Ents du Seigneur des anneaux. Elle est doublée par le non moins charismatique Liam Neeson. 

 Quelques minutes après minuit

Au final je ne peux que vous conseiller ce joli film plein d’humanité et de bon sens qui parvient habillement a allier merveilleux et réalisme et nous replonge dans la schizophrénie de l’enfance et dans les difficultés qui découlent de cette période qui peut souvent être pour certains enfants pas forcement comme les autres un véritable purgatoire d’où on rêve de sortir au plus vite. 

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