Pris au piège de Alex De la Iglesia huis clos diabolique sauce Madrilène…

Alex De la Iglesia

Il y a des réalisateurs qui ont marqué ma vie de cinéphile et qui ont marqué le cinéma européen d’une trace indélébile. L’ibérique Alex De La Iglesia en fait partie. Sorti du giron du (a mon sens) sur encensé Pedro Almodovar au début des années 90 avec le délirant Accion Mutante ou le démentiel Le Jour de la bête, il est en 15 films devenu l’un des réalisateur Espagnol les plus reconnu dans son pays et en Europe. Éclectique, foutraque, déjanté et diablement satirique au regard de notre société, De La Iglesia dresse a chaque film un portrait acide et peu reluisant de notre société et en particulier de la société espagnole. Il signe avec Pris au piège un retour en demi teinte mais qui possède quand même de sacrés moments de bravoure.

Alex De la Iglesia

Cette année son dernier film en date ne sort pas en salle. Non Mesdames Messieurs!  Encore une fois pour on se sait encore quelle raison nos braves distributeurs de cinéma Français non contents une fois de plus de donner un nouveau titre à la con (comme ils en sont coutumier) ici El Bar devient Pris au piège (alors je ne sais pas a qui la faute, mais franchement faudrait voir à arrêter ses pratiques stupides qui consistent a re baptiser un film comme Die Hard 2 en 58 Minutes pour vivre par exemple), on semble t’il jugé que le film ne mériterait pas de sortir dans les salles obscures. C’est vrai il y a tellement de merdes Françaises du genre Camping 3 et autres DannyBooneries ou autres cochonneries US du genre films d’horreur pour adolescents boutonneux du genre Insidious à sortir au lieu d’un bon petit film de nos chers voisins de par delà les Pyrénées.

Alex De la Iglesia

Bon trêves de coup de gueule car malgré cette non sortie en salle, les gens de chez condor entertainment ont donc permis a ce film d’exister dans nos contrées. Et c’est tant mieux. Tant mieux car un nouveau De la Iglesia est toujours bon a voir et que même si cette dernière cuvée n’est pas aussi fabuleuse que certaines de ses précédentes, le réalisateur Basque a encore pas mal d’énergie pour pondre des films qui décapent.

 

Alors Pris au piège qu’est ce que ça raconte ? Madrid, 9 heures du matin. Des clients, qui ne se connaissent pas sont dans un bar. L’un d’entre eux sort et se fait tirer dessus, les autres se retrouvent bientôt prisonniers du bar. Que s’est il passé, d’où viennent les tirs? Où sont les passants ? Et de quoi est mort l’un des clients qui était dans les toilettes du Bar. Très rapidement la situation s’envenime et les clients perdent patience…

Bon disons le tout de suite on est loin du génie de ses premiers films, mais il est indéniable que le maître ibérique en a encore pas mal dans le calbut. Car si le postulat de départ est au final assez maigre, le réal n’a pas son pareil pour décortiquer les caractères de ses compatriotes. Car au delà de son propos, Pris au piège est une fois de plus une géniale galerie de personnages caricatures typiques de l’Espagne moderne et ici en particulier du Madrilène de base. Au travers de ces piliers de comptoirs ponctuels, de cette tenancière au caractère bien trempé, et de son clochard fêlé. Le film démarre franchement sur les chapeaux de roues au travers de dialogues ciselés et d’une incongrue grossièreté qui fait frémir de plaisir les aficionados de la langue de Cervantes. Car l’espagnol jure et autant dire que leurs expressions sont bien plus recherchées et fleuries que nos pauvres jurons à nous. Car dans les films de Alex De La Iglesia il y a un petit côté Audiard dans les dialogues et c’est souvent cela qui fait de ces personnages des caractères hauts en couleurs dont on se souvient. Si le film nous entraîne dans une angoisse certaine teinté d’humour et dont l’intrigue n’est pas sans rappeler le canevas de certains épisodes de la magistrale série TV de Rod Serling La Quatrième dimension, on n’est pas dans le fantastique où la SF. Car le talent de La Iglesia est de faire de nos l’un des client emprisonnés dans ce bar de l’angoisse au même titre que les protagonistes jouissivement bavards que nous regardons. Du coup comme eux on ne comprend rien a ce qui se passe et autant dire que la paranoïa s’installe rapidement. Bon bien entendu certains stéréotypes sont inévitables dans les réactions tellement humaines des protagonistes et l’on plonge rapidement dans le chaos. Le mystère reste entier une bonne partie du film et l’on s’en éloigne afin de se concentrer sur la barbarie de ces survivants prêts a tout pour survivre. Violent, survolté, scabreux et enragé sont les mots qui me viennent en tête en me remémorant le comportement de ces personnages pris au piège.

Malgré tout ce brio le film tombe au bout de 45 minutes dans un délire survivaliste assez diffèrent du mystère de départ et par moment comme souvent dans les huis clos passe par des phases un peu mollassonne. Car Iglesia est un réalisateur qui aime bouger et coincé dans un bar ce n’est pas forcement son truc. Bon attention, loin de moi l’idée de critiquer un réal qui a mes yeux est l’un des meilleurs en fonction de nos jours et surtout l’un des rares a ne jamais s’être trahi contrairement à beaucoup d’autres. Mais il est évident que son métrage n’est pas exempt de défauts qui par moment pourraient conférer à un démarrage d’ennui. Bon cela dit L’ennui n’a pas vraiment le temps de s’installer et l’on rentre dans la phase grand Guignolesque du film au travers d’une scène de bouche d’égout anthologique donnant un tout nouveau sens à l’utilisation de l’huile d’Olive. Crade, drôle, écœurant, ce petit film est bien supérieur à la moyenne de pas mal de sorties actuelles, bien qu’il ne soit pas au niveau de certains précédents travaux filmiques de son réalisateur.  Il traite aussi des dangers bactériologiques qui nous entourent, de la fange, de la crasse et des parasites qui invisibles nous entourent de la même façon que nous entourent et nous mènent par le bout du nez les trusts pharmaceutiques, l’armée et autres bidouilleurs génétiques qui un jour auront raison définitivement raison de notre peau. Comme quoi un infinitésimal élément peut renverser le cours de notre vie. Des parasites il y en a tout le long du film, de son superbe générique où défilent ténias, acariens et autres microbes au microscope, au travers des clients du bar et de ses propriétaires jusqu’au bourbier de fange final qui en dégouttera plus d’un. Encore une fois le cinéma espagnol nous prouve qu’il a plus d’une longueur d’avance sur le notre (en même temps on est à la ramasse à côté des autres pays Européens depuis déja 20 ans à cause de la frilosité de nos producteurs.

Niveau casting c’est une fois de plus un sans faute et l’on retrouve des acteurs qui ont déjà à plusieurs reprises participés aux précédents larcins du gros barbu jovial. En tête même si c’est dans un second rôle la génial et vénérable Terele Pavez qui officiait déjà en mère trash dans Le jour de la bête, en sorcière gâteuse et cannibale dans les Sorcières de Zugarramurdi, ici elle interprète la tenancière du Bar au caractère bien trempé.  La charmante Blanca Suárez qui interprète la nana cosmopolitan de service qui va devoir bien se salir les mains,  Mario Casas qui jouait déjà dans les Sorcières de Zugarramurdi campe un hipster publicitaire À qui (comme a tout les hipsters) on a direct envie de torturer en lui enfonçant des cures dents sous les ongles. La palme ou le Goya revient à Jaime Ordóñez autre transfuge des précédents Iglesia qui ici campe le clochard fou de dieu dénommé Israel et autour de qui s’axent les scènes les plus délirantes.

Pris au piège est une sympathique sortie en DTV (Direct to Video) qui ravira les amateurs de films déjantés et qui si il n’est pas le meilleur film de son réalisateur car il souffre au final de la maigreur de son propos qui par moment le fait un peu tourner en rond, il est loin d’entacher sa filmo. Je ne peux malgré tout que vous conseiller de passer prendre un dernier verre dans ce petit bar typique des quartiers populaires de Madrid.

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