Need money for vodka

Un, deux, trois.

La colère monte en elle. Frissons, chair de poule, même son sourcil trahit son agacement passager. Elle ferme les yeux, comme si de rien n’était. Ce sentiment ne vaut pas le coup d’être extériorisé.

Elle se mord doucement la lèvre, son incisive aiguisée fait couler une goutte de sang.

Sa réponse : « non, ça va ».

La réponse bateau, celle qui convient à tout le monde. Mais quelque part, comment dire, à ses parents : « Voyez-vous cela ne va pas, j’ai mes factures, ma bouffe, mon loyer, mes études, mes meubles et ma vodka à payer », ensuite sortir sa calculatrice, faire l’addition, trouver un nombre à quatre chiffres (plus une virgule derrière), soupirer.

Regarder l’impossibilité de la chose, se dire qu’un BEP esthéticienne, au moins, elle aurait du boulot (et de quoi se faire les ongles, car ce n’est pas la priorité).

Elle déteste un peu ce sentiment d’avoir à appartenir à ce monde, si avide d’argent, dans lequel la bonne volonté, le courage et la ténacité n’ont pas une valeur qui se chiffre en virement mensuel.

Sciences politiques, c’est bien gentil. En attendant, il faudrait déjà de quoi pouvoir noter.

Et elle est un peu comme tous ces autres qui, en rentrant en première année, essayent de comprendre un peu mieux cette tendance pourrie à mettre une valeur sur chaque chose que l’on croise.

Et puis elle terminera aussi comme tous ces autres qui verront les naïfs premières années en disant : « ils ne valent rien ».

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