Des maux et des mots

J’ai arrêté d’écrire un jour. Ce même jour où j’ai quitté le bateau dans lequel je naviguais depuis quelques années.

Lorsque mon coeur souffre, je suis incapable de mettre des mots sur ma douleur. C’est quelque chose d’indescriptible, qui vous prend jusqu’au fin fond de votre corps, qui ne disparaît jamais vraiment. Cette « chose » s’estompe au fil du temps. Et puis un jour, on se rend compte qu’« elle » est partie.

C’est un chaos permanent dans ma tête. Les lettres et les verbes se mélangent, j’en suis au point de ne plus savoir faire une phrase simple avec sujet, verbe et complément. Dans mon travail de personne de lettres, je ne me sens plus à ma place tant les mots me paraissent vides de sens. J’ai l’impression de raconter quelque chose de creux. Que mon texte n’évoque qu’une cave, où les bruits résonnent.

Moi qui ai toujours su trouver les bons mots, les bonnes métaphores pour expliquer mon ressenti, je me suis retrouvée à nu devant cette « chose ». Comme au milieu d’un désert, la nuit. Sans savoir vers quoi je pouvais me tourner.

Si j’ai su lever la tête, je ne saurais toujours pas quels mots utiliser pour décrire cette douleur. Je ne saurais probablement jamais. Tout ce que je sais, c’est qu’elle a été là, un jour. Nous avons été camarades, en colocation interne, quelque chose de semblable à la schizophrénie. Et puis elle m’a laissée, elle aussi. Pour que je me retrouve seule.

Cela faisait plusieurs années que je ne m’étais pas sentie aussi entière.

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