Sans frontières – partie 3

La voiture s’était arrêtée depuis un petit moment déjà.

La portière du 4×4 était ouverte.

Dehors, le ciel était gris. Elle ne reconnaissait pas ce paysage. Pourtant, quelque part, il lui rappelait quelque chose, mais elle n’arrivait pas à mettre un nom, un moment, sur ces souvenirs.

Il avait fait un feu. Et elle a fixé le brasier pendant dix bonnes minutes avant de confirmer mentalement que c’était bien son petit sac à 400€ qui brûlait dans les flammes. Son portable aussi. Son maquillage, son porte-feuilles, une petite partie de sa vie.

Il ne lui restait que sa petite robe.

Où était-il ?

Elle sortit de la voiture, les yeux encore embués par la fumée et le sommeil. Ils étaient garés sur le côté d’une route côtière, complètement déserte.

Il était assis sur le rebord de la falaise. Des volutes de fumée s’échappaient de sa silhouette. Il portait un tee-shirt tout simple, et avait sûrement laissé sa chemise dans le feu.

« A quoi tu joues ? »

« Tu pensais que je t’emmènerai où ? Là où la vie n’est qu’argent et or, là où tout brille ? Là où les magasins de luxe se côtoient tous, là où les voitures ne sont que des Ferrari ? »

Elle ne répondit pas. Il ne se retournait pas.

« Tu penses que la vie est meilleure quand on a une carte platinum ? Tu penses que les choses ont de la valeur lorsqu’il y a plus de quatre chiffres sur l’étiquette ? »

Le vent se levait. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait là, ni ce qu’il faisait non plus d’ailleurs.

« Tu sais que j’ai autre chose à t’offrir. »

Il se leva pour lui faire face. Ses yeux brillaient, elle ne l’avait jamais vu comme cela.

« Je voudrais juste t’aimer. Sans carte d’identité, sans un sou, sans un vêtement de luxe. Sans foulard, sans tes parents, sans carte bancaire. Sans ordinateur ni portable. Sans certificat de mariage, sans PACS. Sans foi ni loi. Sans rien. »

Il s’approcha d’elle. Instinctivement, elle respira l’odeur de cigarette froide, tellement forte qu’elle fut prise d’un haut le coeur.

« Je ne te donne plus rien. Pour tout l’or du monde. Je ne sais pas où nous sommes. Ce que j’avais mis sur le GPS, c’était juste les trois premières lettres de ton prénom. Et j’ai appuyé. Et si tu veux savoir, le GPS brûle aussi. S’il-te-plaît, soyons dans la merde ensemble. »

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