Douce élégance

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Allongée sur le lit, le dos cambré, la douleur passe lentement le long de ses membres. Mais elle s’y est habituée, le vide est devenu omniprésent.

Elle lève son bras, si fin, si mince. Ses mains effleurent sa poitrine inexistante, ses côtes saillantes, son ventre si creux. L’os du bassin qui ressort, les jambes si maigres que même un collant ne moule plus.

Sa peau est douce, mais si sèche. Elle ferme les yeux, quelques larmes coulent et roulent le long de ses joues creuses.

Un peu plus, toujours un peu plus. Elle aurait voulu s’approcher de la perfection, encore si loin pourtant si près, avec l’ambition d’une star, la volonté d’une athlète, l’envie d’une artiste.

Son but était si près, se réitère-t-elle dans la tête. Elle avait tout occulté : la souffrance, la faim, l’absence, la douleur, la solitude. Tout pour une vie meilleure. Comme si les problèmes allaient partir avec les poignées d’amour.

Et puis lui aussi, elle l’a oubliée. Pourtant, si elle a voulu atteindre ce but, c’est parce qu’il avait trouvé ce qu’il cherchait en une autre. Plus mince. Plus gracieuse. Plus élancée.

Mais les sentiments se sont estompés pour ne laisser que cette soif d’atteindre un but qui, avec le temps, paraît si superficiel.

Son corps l’a lâchée. Mais à quel moment ?

Alors elle a décidé, elle aussi, d’oublier cette perfection inventée. Et que si la vie lui souriait de nouveau, elle essayerait de réussir cette fois. Puis le noir, le bruit des sirènes, le blanc de la chambre d’hôpital. Et plus rien.

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