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Bougez, mes pieds ; soulevez-vous, mes paupières ; étirez-vous, mes pauvres membres fourbus par ce sinistre hier, par cette morne semaine, par cette pénible vie.
Eveille-toi, mon âme, aux ébats indiscrets qui jubilent dans le clair-obscur des arbres du jardin.
Respirez, mes narines, l’effluve à venir du café matinal ; entendez, mes oreilles, les craquements savoureux du pain frais sous la confiture.
Mais lève- toi donc enfin, mon corps : secoue cette paresse affligeante, cette torpeur abrutissante, cette inertie ridicule !
Et vous, pensées ténébreuses, sournoisement embusquées dans cette insidieuse obscurité : déguerpissez, ou montrez-vous franchement : combattons à la loyale, dans un face-à -face enfin décisif.
Qu’aujourd’hui soit la revanche, la journée exaltante qui justifiera toutes les autres : la journée consolatrice, la journée éclatante, la journée généreuse.
Oui, rédempte-toi, ma vie, régénère-toi, ne te résigne plus à un nouveau « trop tard ».
Tiens ! Te voilà, toi, inattendu et si tardif espoir. Serre-moi encore un peu tout contre toi ; réchauffe mes novices efforts, ma frémissante volonté; prends ma main pour ce fragile retour vers la lumière, accueillante enfin.
Allons, soyez cléments, mes membres ; adoucissez votre froid refus, impardonnable ce matin surtout !
Soutenez-moi plutôt et vivifions ensemble cette naissante promesse de jour !
Souris, mon visage; pardonne, mon esprit ; fais confiance, mon cœur.
Contractez-vous, mes pesants muscles ; élargissez d’un soupir ma poitrine, timorés poumons ; tressaille, mon cœur.
Refermez-vous, mes veines, bien trop hâtivement entaillées…
Las, irréparable hier
illustration: IDO