Encore un matin…

Le chant des merles s’accroche aux révérbères. Les putes ont déserté les trottoirs de l’avenue. Les pavés taguent sous mes pas… 5 heures, l’heure des frissons et des villes qui s’éveillent…

Ce chemin, je le connais pas coeur. Je pourrais le faire les yeus fermés. Là il y a la grille contre laquelle tu m’as plaquée, ici le carrefour où ta langue s’est attardée dans ma bouche le temps que le feu passe au vert, plus loin l’arrêt de bus où j’ai écourté notre étreinte de peur qu’on nous surprenne, ensuite vient la rue où j’ai gardé ta main serrée fort dans la mienne… le chemin de ma maison. Il y a ma clé dans la serrure, un baiser dans l’escalier, un autre devant ma porte, ma clé à nouveau, mes mains sous ton pull, nos fringues tout le long du couloir…

Ce chemin je l’ai fait seule ce soir, remontant le col de mon manteau, c’est qu’elles sont encore froides les nuits d’avril ! Je n’ai croisé personne tandis que les merles chantaient toujours et que mes talons frappaient fort les pavés au petit matin. Il n’y avait plus ta main dans la mienne, il n’y avait plus tes baisers ni ton impatience, il n’y avait plus tes yeux affamés de désir se perdant dans les miens.

Cette nuit il n’y avait que des regrets ancrés à mes rêves. Cette nuit il n’y avait que des regrets et des merles qui s’en foutent et qui sifflent toujours joyeux sur le chemin de la maison, aucun noctambule ne nous aurait surprises, ni aucun voisin dans l’escalier… Cette nuit, comme toutes celles depuis toi, je vais me servir un dernier verre, fumer une clope sur le balcon et me glisser seule sous des draps qui ont perdu ton odeur. Cette nuit, comme toutes celles depuis toi, je vais avoir froid sans ton corps collé au mien et mon sommeil va s’ennuyer de tes soupirs. Cette nuit, comme toutes celles depuis toi, je vais la passer sans toi…

Et demain au réveil alors que je maudirai ces foutus merles qui chantent toujours, je fixerai ta brosse à dents dans le verre à côté de la mienne en me disant qu’il serait temps que s’effacent les regrets…

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