Il fut un temps, il n’y a pas si longtemps, où tu tenais mon coeur entre tes mains.

Aujourd’hui, je fais mon deuil. Je t’enterre dans mes souvenirs lointains, avec tout ce que tu m’as apporté, en ayant récupéré tout ce que tu m’as pris.

Ma fierté, mon amour propre, le peu de confiance en moi que j’avais. Ce que je croyais être, ce que je n’ai plus été. Les années ont défilé – seulement deux, mais en vingt-quatre mois tu m’as brisée. Piétinée. Broyée en mille morceaux. Et les miettes de ce que fut mon coeur s’envolaient au gré du vent, sans que je ne puisse rien faire. Juste constater.

Te souviens-tu ? Des larmes, des cris, des plaintes. Et ces insultes. Ces humiliations. Vulgarité. Cruauté. Sadisme. Des supplications. « Ne me laisse pas« . « Ne m’abandonne pas« .

Te souviens-tu ? Des coups. Au début lorsque tu me poussais. Puis lorsque je tombais. Et de pire en pire. Des claques, des griffures, et des assiettes qui volaient. Des bleus. Des bleus violets, noirs, marrons. Des coupures, ma jambe en sang. Et des larmes, encore, des cris, des plaintes, et je t’aimais encore, et je souffrais toujours.

Lorsque je me réfugiais dans la voiture, lorsque tu fermais la porte en laissant la clé dessus. La gendarmerie du coin qui connaissait un peu trop ma voix. Qui a fini par connaître mon nom. Qui aurait pu te connaître, si j’avais eu la force de te dénoncer.

Le temps passe comme les blessures. Les cicatrices ne disparaissent jamais vraiment, celles du coeur encore moins. Et dans la tête, n’en parlons même pas. Je parle de toi avec un goût amer dans la bouche. Tu sais, j’avais cru ce dicton qui disait qu’avec le temps, les souvenirs devenaient toujours bons. Pas les tiens.

J’ai eu le courage de partir. De recommencer. Je me mords encore l’intérieur de la bouche jusqu’au sang pour ne pas encore pleurer après tout ce temps passée à être humiliée. Et tu sais, c’est moi qui suis partie, mais je le vis pourtant comme si j’étais la personne abandonnée.

Je me souviendrai toujours de ce que tu m’as dit, quand je suis revenue chercher mes affaires. Tu avais une nouvelle fille dans ta vie, j’étais contente pour toi. Mais tu m’as dit que sûrement, elle aussi connaîtrait le même sort.

Je prie pour qu’il n’y en ait pas une autre comme moi.

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  • Brisée « les petits liens
    Brisée « les petits liens

    […] vous présente Brisée Share this:TwitterFacebookJ'aimeJ'aime  article Publié: mai 23, 2012 Classé dans: […]

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