The Newsroom. Hype en Série

Depuis que la série domine le monde de l’audiovisuel, c’est un peu comme les vins, une hiérarchie s’est installée. Du grand cru, de la piquette à charclo, et du millésimé. Et en haut de la pyramide, HBO (The Wire, Curb your enthusiasm,The Sopranos, Rome…) et Showtime (Dexter, Nurse Jackie, Weeds…), restent la référence du domaine (je ne vais pas te refaire le film, c’était pour gratter une intro)
Le 24, juin dernier La HomeBoxOffice diffuse son nouvel opus estampillé Blockbuster d’auteur. Comme d’habitude, ou presque, ça pue le succès à plein nez, il faut dire que les mecs sortent du lourd: Une plongée dans la rédaction d’un Magazine de News Télé (genre 60 minutes), signée Aaron Sorkin où le type qui ferait gagner le Pulitzer à FHM si il mettait son nom en bas d’un entrefilet sur la pratique de la branlette espagnole dans les loges des Anges de la télé réalité.

Aaron Sorkin, c’est le type qui a écrit The West Wing et The Social Network, le mec qui ne tape jamais sur la barre d’espace, qui doit avoir toutes les touches de son clavier enfoncées dans la carte mère. Du dialogue ciselé, une maîtrise de la narration niveau 8ème dan qui te garanti de faire chialer tout le monde au Golden Globes tellement tu vas les niquer avec ta série.

Bref, c’est donc dans cet état d’esprit que je me suis mis à attendre, excité et fébrile la mise en ligne des premiers épisodes à 4H du mat (vu qu’il n’y a plus la NBA…). J’étais quasi vierge de toute info concernant le pitch j’attendais juste de me prendre une claque Sorkinienne des familles. Le seul truc que je savais c’était qu’on allait suivre Will Mc Avoy, un présentateur vedette un un peu fadasse de News Show Américain. Tu avoueras que c’est peu.

Je me colle devant Let Me Watch This (tape dans Google, c’est un putain de site),  j’appuie sur play. Et là… (non t’inquiète je ne vais pas spoiler… presque pas en fait) lE décor est planté: Une conférence dans une université américaine où sont invités trois Journaleux Kainris, une démocrate, un républicain et au milieu un petit malin, Will Mc Avoy. Les étudiants falots posent des questions, la libérale et le conservateur s’écharpent, Will Mc Avoy fait des blagues vaseuses. Et puis une petite greluche, demande: « en trois mots dîtes nous pourquoi les Etats-Unis sont la plus grande nation du monde ». Les deux premiers nous vomisse deux trucs convents genre « la Diversité, La Liberté..; »blabala. Will esquive en mode Des chiffres et Des Lettres « Pas Mieux ». Mais, le type qui anime le débat est chafouin, il ne veut pas le laisser s’en tirer aussi facilement, et il le marque à la culotte. Dans les cordes et pour une raison que tu connaitras en regardant la série, Il tente une dernière pirouette, avant de lâcher un Scud « JE en peux pas le dire en trois mots, parce que c’est faux, nous ne sommes pas la plus grande nation au monde ». Les vannes sont ouvertes, et il se met à débiter un argumentaire sans virgules et sans respirer devant un auditoire qui se demande ce qui arrive. Quand il a fini son speech, on sait que plus rien ne sera jamais plus comme avant,ce michel drucker de l’info vient d’entrer dans une nouvelle dimension.

En trois minutes, Sorkin te tabasse la gueule et propulse le propos hyper loin, sans livrer un plaidoyer clicheteux anti-américain, on va parler de la place de l’info et de son traitement dans nos sociétés occidentales, c’est pointu sans être pédant, habile, subtil,  bref, ça fait plaisir.

LA suite, c’est une peinture d’un service info d’un grand network. Magistralement mis en scène. Du , dialogue au scalpel, des mouvements de caméras vertigineux. Un casting sur mesure et inattendu, Jeff Daniels qui incarne parfaitement McAvoy, (Le mec qui n’est pas Jim Carrey dans Dumb et Dumber) ou la délicieuse Emily Mortimer (vue dans 30 Rock et la cocue de Match Point), il y’a même Dev Patel de Slumdog Millionaire.)

Pourtant, je reste un peu déçu. Attention c’est un putain de bon show, mais à mon humble avis, le tout souffre d’un défaut: Sorkin prêche. Il donne son avis, et de manière un peu trop manifeste. Il semble qu’il se soit laissé dépassé par son indignation et tente de montrer à tout le monde ce que devrait être une rédaction de News Show: Des journalistes consciencieux qui doivent privilégier la pertinence à l’audimat. Le postulat est très louable, c’est le manque d’information ou la mauvaise qualité de cette dernière qui est responsable du ramollissement des masses. En gros à force de prendre les gens pour des cons, ils finissent par penser qu’ils le sont. Pourtant, il est possible de faire de l’information de qualité, si on le décide sans rechercher le sujet le plus racoleur pour faire de l’audience.

Sur le fond on ne peut pas lui reprocher ses convictions. Mais dans la forme, je trouve que ce côté un peu moralisateur écrase la narration et enferme un peu les personnages dans un schéma dramatique trop manichéen. Là où il était le maître de la construction narrative, les intrigues secondaire indispensables à toute grande série se résument à des ficelles un peu attendues, et oui je vais utiliser un terme très laid: sitcomisantes. Par là je veux dire que on voit poindre des problématiques de type triangle amoureux un peu resucées. Je sais que la comparaison n’est pas un exercice forcément pertinent, mais là où je devenais fou en regardant (les chef-d’oueuvres de mon panthéon télé personnel) The Wire ou The Shield, tant la maîtrise de la complexité des scénarios et l’ambivalence des personnages me laissaint sur le cul; je reste un peu sûr ma fin , et trouve que la série est légèrement survendue du fait de l’aura de son créateur, qui semble un peu manquer d’inspiration.

Cependant et je me répète, The Newsroom est  à mater, si toute les séries pouvaient être aussi bien ratées… Pour ceux qui ne seraient pas d’accord, n’hésitez pas à dire que que vous en penser. en bas le lien vers la liste des liens des 3 premiers épisodes.

http://www.1channel.ch/watch-2734005-The-Newsroom

 

 

2 commentaires

  • Ratinox
    Ratinox

    Oui, j’en suis arrivé à peu près à la même conclusion, en un peu moins caustique. Sorkin se fait plaisir. Déjà dans The west wing, c’était perceptible. Mais n’oublions pas que le public américain à besoin qu’on lui rappelle que l’info, c’est pas CNN ou la FOX. Et puis cette histoire de sources vérifiées, c’est le mode de fonctionnement des ricains, hein (cf les hommes du président).
    Je trouve que le show se bonifie avec les épisodes (ahhh, l’épisode ou McAvoy est stone, quel régal…) et puis les rapports avec son psy…
    Non, vraiment, un must jubilatoire. La vache, ça fait quand même plaisir de voir des trucs intelligents.

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  • Petaire
    Petaire

    J’en parle plus ici : http://www.petaire.fr/2012/11/18/walk-n-talk-vs-action/ (oui mon site est cassé en ce moment, faites pas gaffe), mais je trouve cette série d’un soporifisme affolant…

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