L’orgueil

Si tu étais un livre, tu serais ta propre biographie. Tu pourrais en dicter le contenu, l’écrire, le relire, et même l’imprimer, si l’effort demandé n’était pas trop grand.

Tu as grandi aux Etats-Unis, voyagé depuis tes dix ans. Tantôt photographe, tantôt caméraman, tu te sers de l’art comme moyen d’auto satisfaction mais aussi pour te faire une place. Tu aimes ton visage sur les portraits, tu aimes ton corps dans le miroir. Lorsque tu es derrière l’objectif, les gens qui passent devant ne sont que des tremplins, des objets, un moyen de t’aider à toi-même te faire grimper davantage.

Si tu étais une qualité, tu pourrais être la perfection. Si tu étais un défaut, tu serais aussi la perfection. Tu as eu le choix entre sciences po, écoles de commerce prestigieuse, journalisme, ingénieur, tout était à ta portée si tu t’en donnais la peine. Le droit te semblait bien, tu as vu beaucoup d’hommes importants faire avocat, et le sens de la répartie est un attribut que l’on ne peut pas t’enlever.

Au fond, tu méprises tout le monde depuis que tu as l’âge de parler. Les enfants du bac à sable, intellectuellement inférieurs à toi. Tes professeurs, modèles formatés par l’Education nationale. Tes propres parents, des porte-monnaies sur pattes toujours absents. Tes camarades de classe, peu intéressants et si immatures. Tes futurs collègues, que tu écraseras sans aucun remord. Ces gens que tu croises aussi, qui ne sont pas capables de faire le tiers de ce que tu as fait.

Au final, tu vaux mieux qu’eux.

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