My Week With Marilyn

 

L’autre jour, longtemps après tout le monde à vrai dire, je me suis décidée. Après être passée par le refus catégorique, la curiosité timorée, le mépris… j’ai capitulé et j’ai enfin regardé My Week With Marilyn.

Que dire ? Michelle a donc passé une semaine avec ma fausse blonde préférée. Moi ça fait vingt ans que ça dure. C’est donc sceptique et avec une once de mauvaise volonté que j’ai lancé ce film. Mais il a bien fallu que je me rende à l’évidence : c’était pas mal. Non en fait. C’était bien.

Je craignais la caricature, on n’y est pas. Alors oui, on y voit une Marilyn angoissée, droguée de sédatifs ou excitants (selon les besoins), saoule, en retard. The Late Marilyn Monroe qu’y disaient. Et pour l’Happy Birthday de sa mort, c’est pas si mal. Parce que Marilyn était tout ça. C’était un métier et pas franchement une croisière d’être une star interplanétaire.

Le pitch : Profondément stressée, sans aucune confiance en elle, elle est convoquée par Sir Olivier en personne pour incarnée Elsie, une danseuse. Laurence Olivier lui sera le prince. Le film s’appellera (préparez-vous, c’est inattendu) : “Le Prince et la Danseuse”.

My Week with Marilyn c’est une lucarne ouverte sur ces quelques semaines de tournage, avec un objectif braqué sur la plus grande star de l’époque (et de tous les temps, mais c’est un autre débat) et l’entourage proche, en gravité autour de son aura. On pourrait même dire que son satellite est un rouquin, déjà aperçu dans Les Piliers de la Terre. Une lune rousse en somme.

En parlant de lune, Marilyn vient tout juste de convoler avec le dramaturge (et puant, mais c’est un autre débat) Arthur Miller, quand elle s’envole pour London, baby. La ville est alors en effervescence en attendant l’américaine, l’avion est pris d’assaut. Remember son arrivée fracassante au Japon quand elle accompagne son deuxième mari Joe DiMaggio et qu’elle lui vole la vedette.

Le film nous offre à suivre le tournage du “Prince et de la Danseuse” à travers le regard du rouquin cité plus haut. Colin Clark. Un jeune ambitieux qui rêve de faire partie de la grande famille du cinéma. Alors quand le tournage s’annonce, il fait son possible pour en être et arrive à se faire embaucher comme troisième assistant du réalisateur de l’illustre Laurence Olivier. Toujours lui. Qui a plusieurs casquettes et un aplomb assez déstabilisant. Kenneth Branagh se fond parfaitement dans le rôle de cet anglais hautain, brillant, intransigeant. Parfait.

J’imagine facilement la crainte qu’il pouvait distiller avec juste son regard noir et son fier menton. Vivien Leigh devait en baver. Il n’avait rien d’un Rhett Butler.

Colin est dans la place donc. Il drague la costumière. Visiblement, ça ne paie pas de faire une école de sorciers car après Harry Potter, Emma Watson est réduite à faire le repassage. Mais avec son jolis minois et sa tête de premier de la classe, Colin se fait repérer et devient vite l’indispensable assistant sur le plateau. Rapidement, il devient l’intermédiaire et court entre les planches pour rejoindre la loge où se terre Marilyn et s’enquérir de sa santé, de son intention de travailler. Ou pas.

Marilyn qui se pointe toujours avec une demi-pige de retard pour tourner indéfiniment une même scène. On a affaire à une perfectionniste qui refuse la médiocrité. D’un regard, elle attend l’approbation de son mentor, Madame Paula Strasberg, corbeau sombre et énigmatique et épouse de l’illustre père de l’Actors Studio. Mais quand elle parvient à redonner confiance à notre blonde, la magie opère. Le plateau se tait, même notre anglais se range à l’avis de Judi Dench : c’est une grande actrice. Elle irradie.

Judi Dench a la classe intégrale, ici comme quand il s‘agit d’accompagner James Bond. Avec beaucoup de tact, elle sait comment recadrer Marilyn et surtout comment la flatter, sincèrement.

Mais ces épreuves l’épuisent et Marilyn perd vite la foi. La nuit où elle tombe malencontreusement sur le journal intime de son mari, la coupe est pleine. Arthur la décrit comme une fille insipide. Il la dénigre alors qu’elle a tellement besoin de soutien. Oui, le monde l’admire. Ok, les hommes la désirent. Certes, elle n’a qu’à faire un sourire ourlé d’une mouche pour faire tomber Hollywood mais Arthur la rejette. Comme ses précédents maris. Comme sa mère. Comme elle. Comme Olivier qui la prend sûrement pour une sombre idiote. Comme Milton Greene qui s’associe à 49 % aux Marilyn Monroe Productions dans l’espoir d’avoir une retraite dorée et assurée. Elle n’est pas dupe. Mais elle se bat contre tout ça. Elle ne rêve que d’une chose : devenir une grande actrice, reconnue pour ses talents de comédienne et non pour ses hanches voluptueuses.

Elle appelle alors à la rescousse notre rouquin, qui débarque malgré la colère du réalisateur, à l’encontre du co-producteur et accessoirement photographe et ancien amant de miss Monroe, Milton. Colin court, vole, rejoint le chevet de la star car lui non plus ne sait pas lui dire non.

Et là, c’est la parenthèse enchantée. Marilyn en plein déni l’emmène dans son délire. Balade dans les prés fleuris, bain de minuit à midi, baiser effleuré. Il n’en fallait pas tant à Colin pour tomber amoureux, éperdu même. Marilyn ne lui veut aucun mal, mais elle veut surtout qu’il lui veuille du bien. Car elle en a besoin.

Quelques jours d’école buissonnière où Laurence Olivier rumine mais n’a pas d’autres choix que d’attendre la fin du caprice. Colin promet la lune à Marilyn. Oui il l’aime, non il ne l’abandonnera jamais. Mais doucement, tout doucement Marilyn retrouve son rôle et sait déjà qu’il n’y a pas de deuxième chance pour elle. En devenant une icône, elle a renoncer à avoir une identité propre. Elle est celle que les gens veulent, selon les gens. Elle n’a pas le droit de s’y soustraire.

Elle reprend le tournage, merveilleuse. Et il est déjà l’heure de rentrer à New York. Merci Colin mais adieu Colin.

Colin, enfin Eddie Redmayne (“red” quoi, je veux dire, il a quand même des parents qui ont le sens de l’humour) est brillant. Touchant. Intelligent.

Michelle Williams est – et ça me fait mal de le dire – incroyable. Alors non, elle n’est pas un sosie de mon égérie. Mais elle a su, elle l’a regardée, elle l’aime et sait retranscrire ses soupirs, ses moues, ce regard gris paniqué. Parfois je lui reprocherais d’en faire un peu trop, un tout petit peu trop. Mais elle n’a pas parodié. Et il y a des moments absolument dingues où pendant une fraction de seconde, elle est elle. Enfin l’autre. Enfin vous m’avez compris. Elle m’a bluffé.

My Week With Marilyn est un beau film. Les fans de la première heure ne seront pas bafoués et les curieux découvriront les dessous d’un tournage entre deux nations, les intérêts de chacun, les gueguerres à taire pour ne pas perdre un budget et les efforts à fournir pour ne pas perdre sa tête d’affiche.

Une surprise, une bonne. Si j’étais vous, j’irais changer d’avis sur les fausses blondes.

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