Zero Dark Thirty, la traque de Ben laden

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Comment résumer 10 ans de traque en deux heures et demi ? C’est le challenge de Kathryn Bigelow, réalisatrice de « Aux frontières de l’aube », « Point Break », « Strange Days » et « Démineurs ». Un film écrit quasiment en direct, dans la lenteur de toutes les considérations et décisions à prendre. C’est précisément ce qui nous tient en haleine. On découvre minute après minute, l’évolution de cette traque.

Alors à quoi nous attendre ? un documentaire historique ?

Non. Il s’agit bien d’un film, d’une œuvre de fiction qui comporte, comme toutes les autres, sa part d’invention. Le journalisme n’est pas de mise.

 

Torture; a qui les torts ?

Avant toute chose, un fait tend à la polémique: la torture.

S’il est nié que la torture ait servie comme moyen de pression envers les complices d’Oussama Ben Laden (qu’on appellera ici pour des raisons de commodités « OBL »), il est cependant reconnu qu’elle ait servie pour tout autre genre d’opérations.  Nous assistons ainsi à différentes sortes de tortures comme le waterboarding (simulation de noyade) et autres sévices corporels tels que l’utilisation d’un collier de chien, d’une boîte pour enfermer le prisonnier ou de musique Hard en continue pour l’empêcher de dormir. Des scènes qui ne sont pas sans nous rappeler les 1ers épisodes de la série « Homeland ». Un parallèle frappant.

Cette polémique n’est pas le sujet sur lequel je souhaite m’attarder. Je ne vous en ferais donc pas l’analyse.  Pour néanmoins approfondir ce sujet, je vous invite notamment à lire les témoignages de spécialistes sur France Info: http://www.franceinfo.fr/cinema/zero-dark-thirty-la-polemique-869885-2013-01-23#main-content.

Sinon google est votre ami 😉

« Noires heures ».

A l’ouverture du film, nous sommes plongés dans le noir et sans images sur la panique du 11 septembre. Seuls des mots surgissent,  détaillant la peur et la frayeur de ce que ressentent les personnages à cet instant. Le ton est donné.

Tout le long du film, nous allons davantage assister à une lutte psychologique ainsi qu’à de longues analyses concernant celles effectuées sur le terrain, qu’à une lutte de forces.
Il est parfois difficile de s’y retrouver au milieux de tous les protagonistes. Tant dans le camp des ennemis où les noms arabes qui y sont énumérés nous font un peu perdre la tête, qu’au sein des membres de la CIA qui interviennent au fil du film.
Savoir qui est qui n’est pas évident, pourtant c’est ce qui nous amènera à comprendre tout le processus pour arriver au bout du raisonnement et répondre à cette précieuse question: où se trouve OBL ?

Au delà des possibles faiblesses du scénario et autres problèmes de véracité quant aux faits relatés, je souhaite m’attarder sur Maya (Jessica Chastaing), agent de la CIA.

 

Les actes plus que les paroles.

Maya est un « sur-homme » (si je puis dire), au pays des hommes manipulateurs et orgueilleux de leurs pouvoirs. Elle fait face à des faibles, des hommes, qui, chient dans leur froc quand il s’agit de lui faire confiance pour prendre des décisions, elle qui a passé 10 ans de sa vie à traquer Ben Laden, et uniquement à cela..

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Maya est obsédée, mais pas au point d’en perdre la raison. Heureusement, car la folie fait perdre toute crédibilité (cf à la différence de l’agent Carrie dans Homeland).
Cette traque est sa première et unique expérience dès la sortie de ses études. OBL, c’est sa raison d’être. Chaque mot, chaque pensée, chaque pas transpire cette obsession folle. Sa force, elle la puise dans son mental d’acier et dans ses actes.

La réalisatrice ne fait pas des considérations de genre; « Maya n’est pas définie par un homme. Elle n’est pas définie par une relation sentimentale. Elle est définie par ses actions », nous dit-elle dans une interview consacrée aux Inrocks.  http://www.lesinrocks.com/2013/01/27/cinema/comme-si-vous-y-etiez-11345509/.

On assiste à une lutte de pouvoirs au sein même de la CIA.

En effet, si certains sont assis dans leurs confortables fauteuils, les autres se retrouvent dans une véritable arène récompensant celui qui saura user de plus d’intimidations possibles.
Et, au milieu de ces « grands » décisionnaires, Maya, seule, arpente le terrain en Irak, en Afghanistan, en étant soumise à de hautes pressions psychologiques concernant la gestion de ses soldats. Mise en branle par une tentative d’assassinat envers sa personne, ou réduite à l’attente de nouvelles de ses collègues suite à un attentat-suicide, rien ne l’effraie, rien ne l’anéantit.
Cette tension est palpable. On prend part à ses souffrances tout le long du film.
Malgré ses échecs, elle ne recule devant rien.

Une certitude est ancrée en elle; elle aura le dernier mot.

Elle approche au but final.

Son charisme, sa force mentale, et son culot servent d’exemple. Une scène aux dialogues savoureux est à découvrir lors de la réunion d’urgence avec le chef de la CIA. Réunion durant laquelle la plus importante des décisions doit être prise: faut-il déclencher l’assaut final sur le probable endroit où se trouverait OBL?

Et ce même si l’assaut ne repose que sur la seule probabilité de la présence d’OBL?
Si certains n’osent pas trop se mouiller sur la question, Maya, elle, y croit à 100%! Moment exquis.
Cela en dit long sur les mentalités de chacun dans l’univers du pouvoir dominé par les hommes.

Quand faut y aller…

Passons à l’assaut final.

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Le survol des montagnes afghanes est pour moi la scène ultime du film.

Je dois vous dire que j’ai rarement vu une scène d’assaut aussi intense dans l’immersion et la dramaturgie.

Plongé dans une nuit noire, un stress palpable se fait sentir jusqu’à la fin.

Un stress que les soldats (comme nous d’ailleurs) évacuent comme ils en ont l’habitude. Eux-mêmes ne sachant pas si la mission est justifiée; ils se contentent de suivre aveuglément Maya.

Une tension qui nous embarque avec eux dans ces hélicoptères furtifs très silencieux.

Nous sommes comme suspendus à la seconde qui va suivre, en s’attendant au pire dans un terrain des plus hostile.L’angoisse est assez haletantte.

Le calme avant la tempête ….

(Je vais vous raconter la fin donc si vous voulez le voir arrêtez votre lecture ici).

Une fois atterris, tout n’est que silence au milieu du chaos.

Impossible de prévoir ce qu’il va se produire. On suit les soldats armés dans leurs infiltrations de la maison. Tout est calculé, millimétré. Pas de quartier, pas de balles perdus, mais pas de bain de sang non plus.
On se demande bien si effectivement OBL est présent ou pas. On finit par ne plus y croire nous-mêmes.
Puis ce moment tant attendu fini par arriver. OBL est tué, puis photographié plusieurs fois, comme si le soldat était persuadé que l’appareil photo allait jouer le trublion et merder dans son fonctionnement pour ne pas en capturer la preuve indiscutable.

Soulagement… Pas tout à fait. Il faut encore ramener le corps sans encombre.

Et lorsque, enfin, Maya voit son corps, c’est la délivrance absolue pour elle. Le poids de 10 années vient de tomber. La voilà libérée, presque au bord de l’évanouissement.
Une fin magistralement orchestrée.

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