eros

On s’est laissé avoir par la nuit, par le confort d’un fauteuil, par le goût sucré du rhum. L’odeur de l’herbe ravissait mes narines. Je planais, c’était nouveau et c’était bon. Au fond, la vie n’est bonne que lorsqu’on la consume ; brûlure soudaine du premier pétard de ma vie sur la langue. Ca pique. Et ma tête est lourde.

Je ne suis pas rentrée chez moi ce soir-là ; j’ai choisi de rester avec toi, pour parler et fumer. Au fil des heures, et ne me demande plus pourquoi ni comment, on s’est emmêlé entre tes draps. Je te désirais à en crever ; je le sentais à ce pincement particulier au creux de mon ventre. A ce vide entre mes cuisses moites que je voulais que tu combles. Au diable tes principes, cédons, et le secret sera bien gardé ; les rideaux sont tirés et toutes les portes closes.

J’ai planté mes ongles dans ton dos, j’ai griffé ta peau blanche jusqu’au sang ; douceur pâle abîmée sans scrupules. J’aurais voulu que ça ne se termine jamais. Que l’on reste pour toujours dans cette spirale divine de volupté, de plaisir coupable et de sensualité certes improvisée, mais délicieuse. Que nos jambes s’entremêlent, que nos hanches s’entrechoquent, que nos baisers se transforment en morsures et que l’orgasme nous tue. Au fur et à mesure, que la tendresse devienne violence.

Jouissance passée ; vertige et somnolence. La lampe est restée allumée ; sa lumière a éclaboussé nos corps fatigués et couverts de sueur. J’ai retrouvé mon chemin aux vêtements semés sur le tapis. Maintenant il faut partir. Ainsi, entre nous, il n’y aura ni larmes, ni cris, ni colère. Peut-être, et simplement, une terrible envie de recommencer. Ne gardons que le meilleur.

J’ai traîné un peu et je t’ai abandonné. Le vent m’a cueillie, le froid, la pluie aussi. J’ai traversé la foule de gosses du lycée d’à côté, le sourire aux lèvres. Fière de mon péché. Fière de ma mauvaise conduite.

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