Un été (chaud) à Osage County

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En regardant l’affiche d’Un été à Osage County, on peut se dire deux choses à la vue du casting : soit c’est un film excellent soit… c’est un film à éviter. Car nous savons tous que bon casting ne rime pas forcément avec bon film.

La bande-annonce reste un bon indicateur. L’intéressé comprend tout de suite que c’est un film centré sur la famille, et pas que sur ses bons côtés.

Suite à l’annonce de la disparition de leur père, les trois filles Weston, interprétées par Julia Roberts, Julianne Nicholson et Juliette Lewis, vont devoir se retrouver après plusieurs années de séparation. Avant que le père disparaisse, on a quand même l’honneur de voir Sam Shepard (Beverly Weston, le dit père) à l’écran et Meryl Streep (Violet Weston, la mère). Sans trop spoiler le film pour ceux qui ne l’ont pas encore vu (mais qu’attendez-vous ?), il me parait important de vous informer que dans la salle, nous avons tous réagi de la même façon lorsque Meryl Streep est apparue à l’écran : bluffés, et bernés par la bande-annonce qui nous avait en fait caché pas mal de choses, pour notre plus grand plaisir.

Le film se met donc rapidement en place, toute la famille est réunie dans la maison de famille pour les funérailles du père. Et c’est là que commence les règlements de compte. Ça monte crescendo en puissance et en violence. Et même si la majorité du film se passe dans la maison, tout est parfaitement ficelé, on ne s’ennuie pas un instant, et cela grâce à une prestation d’acteurs tous aussi incroyable les uns que les autres. On est transportés par des dialogues puissants, des mimiques, des visages et des corps crispés. On ne sait pas quoi faire, on se sent complètement inutiles comme certains personnages qui sont tout aussi impuissants.

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En parlant des personnages, je suis obligée de parler en premier de Violet Weston, interprétée par Meryl Streep, car elle est tout simplement époustouflante. Même si nous avons souvent l’habitude de voir Meryl changer physiquement dans beaucoup de ses rôles (La dame de fer, Le diable s’habille en Prada, Doute) c’est encore une fois une surprise, une claque que l’on se prend en pleine figure sans même s’en être douté. Et qu’on l’accepte sans rien dire parce qu’elle est méconnaissable en mère terriblement dure. Même si elle interprète une femme malade, on se rend vite compte qu’elle ne perd pas un fil de ce qui se passe dans sa maison, et reste une hôtesse tellement manipulatrice qu’elle en devient presque effrayante.

Vient ensuite Julia Roberts. Si comme moi vous avez un peu (beaucoup) de mal avec cette actrice, ce film va certainement vous réconcilier avec elle. Sans artifice, peu maquillée, une couleur de cheveux passée et des vêtements amples, elle est étonnement vraie tout au long du film, on arrive même à l’apprécier tellement on est bluffé. Quant aux autres rôles interprétés par « juste » Ewan McGregor, Chris Cooper, Abigail Breslin et Margo Martindale, ils sont tout aussi justes, à leur place.

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On sent tout aussi bien le malaise qui règne dans la maison que la moiteur du climat, on se sent étouffés, on se sent mal face à certaines situations gênantes comme si on était avec eux dans la même pièce. On a envie de prendre parti et de gueuler un bon coup mais on reste seulement témoin de toutes ces disputes et de ces secrets de famille. Même si on se doute assez rapidement de ce qui se cache là-dessous, le scénario et le jeu d’interprétation nous tiennent en haleine.

On pourrait se dire que c’est trop, trop de sentiments, trop de disputes, trop de non-dits, mais même cette overdose n’a pas lieu grâce à un humour parfaitement bien mesuré. Souvent présent et heureusement, même si le spectateur rit souvent jaune à cause des situations conflictuelles et tendues, il nous permet de respirer un peu dans cette chaleur perceptible.

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La scène caractéristique du film est la scène du repas de famille, moment totalement étonnant, à la limite du surréalisme. Telle une finale du Rolland Garros, on n’arrête pas de tourner la tête vers les uns et les autres pour compter les points, savoir qui a la balle et qui la renvoie. Et on est même arrêté en plein vol tant les rebondissements sont présents. Nous sommes de vrais pantins qui subissent ce repas aussi vacillant que l’humeur de cette mère cynique. Nous sommes ballottés constamment entre rire et larmes, peur et colère. On a le souffle coupé par les interprétations et par l’ambiance étouffante du film. On ne ressort pas indemne de ce film, on est épuisés mais quel pied !

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