La French : le polar français qui n’envie rien à Hollywood

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C’est la période des fêtes et votre télévision vous montre en boucle la publicité Clooney avec Dujardin. Vous en avez marre hein ? Alors sortez un moment au cinéma, retrouvez foi en Dujardin et retournez pester contre la pub.

1975. Nommé juge du grand banditisme à Marseille, Pierre Michel (Jean Dujardin) n’a plus qu’une idée : démanteler l’organisation La French qui, grâce à ses trafics de drogue a la main mise sur la ville. A la tête de ce cartel, Gaetan Zampa (Gilles Lellouche) dit Tany n’entend pas se laisser marcher ainsi dessus. C’est une véritable chasse qui commence, d’un côté comme de l’autre, chacun devant gérer avec les problèmes qui se greffent : les envies de pouvoir des sous-fifres de La French ou les policiers malhonnêtes.

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S’il faut saluer une chose dans La French c’est bien son scénario. Parfaitement ficelé bien qu’un peu long peut-être. Cependant, ce sont ces longueurs dans le scénario, ces moments de pause en famille, entre amis, dans lesquels on découvre toute l’humanité des personnages qui sont nécessaires et qui l’éloignent du polar purement américain à la Argo (qui est aussi très bon par ailleurs). Le traitement des personnages s’avère donc terriblement efficace, nos deux principaux ne jouant pas tant au gentil et au méchant qu’au « qui va gagner ». Pas ou peu de jugement moral dans le film : chacun a choisi une route, point. Et voilà qui fait du bien!

Notons également l’excellente interprétation. Dujardin est bon comme à son habitude et même ses petits défauts sont exploités pour le meilleur (comme ce terrible petit sourire d’autosatisfaction qu’on lui connait si bien). Lellouche est une révélation. Posé là comme le roi sur son trône il règne d’une main de fer sur ses équipes tout en aimant follement sa femme. Voilà également une qualité française : le rôle important des femmes. Elles sont présentes, conseillères, elles ont peur de ce que font leur mari, l’une comme l’autre. Mélanie Doutey et Céline Sallette sont toutes les deux essentielles à ce film, amenant à la fois un vent de fraicheur mais aussi quelque chose de foncièrement tragique.

Les personnages secondaires, qu’ils soient des policiers enragés ou des mafieux pourris sont également formidables. Corses ou marseillais, les accents fusent de partout pour un véritable dépaysement. C’est français, ça fait du bien!

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Emettons cependant deux bémols. Le premier concerne la réalisation. Voulant toujours être au plus près de l’action pour que le spectateur se sente vraiment concerné, la caméra ne se pose quasiment jamais, elle est toujours en mouvement. Des mouvements rapides, saccadés, bref, des mouvements qui demandent à ce qu’on s’y habitude pour ne pas vomir. La réalisation est donc parfois un peu légère, un peu facile. On nous donnera 2 ou 3 fois un petit ralenti pour souligner une action, un vice. C’est dommage. C’était si bien parti.

Le deuxième point est finalement aussi affaire de réalisation puisqu’il concerne la fin : trop mielleuse, trop dégoulinante, je n’en dirai pas plus ici, on aura l’occasion d’en reparler. Mais si vous sortez 5min avant parce que vous avez un rendez-vous, vous aurez sûrement vu un meilleur film que moi. la-french-still1__span

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Très bon polar français de cette fin d’année, on retrouve un duo Lellouche/Dujardin au sommet de sa forme. Si quelques imperfections se glissent quelques fois dans la réalisation, l’ensemble est très bon et fonctionne parfaitement!

La French, un titre et un programme donc : faire un bon film français. Le pari est réussi.

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