The Walk / La critique

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                                                                          Au bout du fil

Réalisateur que l’on ne présente plus, Zemeckis a su tout au long de sa carrière nous livrer de fabuleuses expérimentations visuelles, du lapin animé dans Qui veut la Peau de Roger Rabbit ? Aux voitures volantes de sa trilogie Retour Vers le Futur. Toujours stimulé par les nouveaux moyens visuels mis à sa disposition, le cinéaste se tournera dans les années 2000, vers la motion capture et nous livrera trois films ambitieux qui ravira nos mirettes : le charmant Pôle Express, le fabuleux Beowulf et le magique Drôle Noël de Scrooge. En 2010, Zemeckis se voit contraint de vendre son studio Imagemovers à Walt Disney (qui d’autre ?) et se tourne vers des projets plus humbles. Après le retour au live avec le drame Flight, Zemeckis s’attèle au projet d’une autobiographie qu’il veut adapter depuis près de dix ans, celle de Philippe Petit, l’incroyable funambule français.

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Joseph « Robin » Levitt incarne donc cet aventurier des airs et nous raconte dès le début du métrage son incroyable expérience et sa genèse : sa traversée des tours du World Trade Center. L’acteur hollywoodien incarne à merveille le funambule, tout en arrogance et en souplesse, à une petite exception près : il ne parle pas suffisamment bien français pour assurer le show et l’intrigue doit donc s’adapter à la langue de Shakespeare. Il est donc dit, qu’en prévision de son voyage à New York, il parlera à tout le monde en anglais et comme le monde est parfait, et que les français en 1970 sont tous bilingues, tout va bien. Un peu idiot mais après tout est-ce vraiment important ? Il rencontre donc une charmante frenchie Annie, séduite à la chandelle entre deux verres de vin rouge sur fond de chansons parigotes, qu’il embarque avec lui dans ses aventures. On passe donc d’un Paris carte postale très cliché pour les Petit’s Origins à un New York Seventies où le fameux « coup » est préparé avec minutie et un bon groupe d’acolytes, tel un braquage. Racontée comme ça, l’intrigue semble dénuée d’intérêt comme bon nombre de biopics dont on se passerait bien, mais il ne faut pas oublier que la véritable héroïne ici est la caméra de Zemeckis et le véritable enjeu, non la vie de Petit, mais bien les expérimentations en 3D auxquelles le cinéaste peut se livrer.

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Car, il faut bien le dire la trame narrative, nappée d’un glaçage caramel légèrement liquéfiant n’est que le prétexte à ce film surprenant. En effet, les plans 3D de Zemeckis, des balles de jonglages aux chutes d’objets, du point de vue vertigineux aux vols d’oiseaux sont littéralement transcendants. La traversée finale du funambule entre les deux tours, qui dura pendant près d’une heure, place le spectateur dans un suspense méconnu, la subjectivité physique, la peur sensorielle, le ressenti sensitif d’être sur ce fil avec Petit. L’estomac se noue, les jambes flageolent et le regard s’accroche irrésistiblement à ce bout du fil si proche et si loin. Les menaces visuelles et sonores, oiseaux, hélicos ou autres policiers, nous plongent dans une attente insoutenable : le mouvement de ses pieds fait vibrer notre âme, va-t-il perdre sa concentration ? La sensation du vide n’a jamais été transposée à l’écran de manière aussi audacieuse, phobique, réaliste.

Bilan de The Walk  : Un film à voir, pour son utilisation de la 3D et pour ressentir des sensations que l’accrobranche d’à côté peine à nous fournir.

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