Jessica Jones / la critique

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La cousine de Bridget qui tatane

Les superhéroïnes des comics n’ont jamais véritablement réussi à briller sur grand écran. Après l’oubliée Supergirl et les affligeants nanars 2000’s Catwoman et Elektra, il semblait normal que l’ère geek à son apogée s’intéresse à nouveau aux femelles dotées de superpouvoirs. Bien sûr, la sublime Veuve Noire au sein de l’équipe des Vengeurs, tout comme sa récente acolyte la Sorcière Rouge ou la (future) alliée à la taille de guêpe d’Antman, venaient distiller quelques touches de féminités dans le Marvel Cinématic Universe bouillonnant de testostérone. Mais c’est grâce au petit écran que nous découvrons ici les aventures d’une super-héroïne, Jessica Jones.

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La branche télévisuelle Marvel nous avait prouvé avec Daredevil sa capacité à combler les brèches d’un univers cinématographique, souvent formaté pour plaire au plus grand nombre de spectateurs et laissant s’envoler dans le tourbillon de dollars quelques libertés artistiques. Avec cette série sombre et stylisée sur l’aveugle au sixième sens, l’intérêt télévisuel avait pris tout son sens, nous livrant avec punch et mélancolie un scénario intéressant. Remplaçant le ciel bleu des films par la nuit, la lumière bright par des néons foireux, les buildings modernes par des ruelles cradoques, l’atmosphère de Daredevil avait su nous séduire. Jessica Jones, errant également dans ce New-York trashos, va-t-elle enfin redonner ses lettres de noblesse aux super-héroïnes ?jessicajones2

Il serait difficile de commencer à prononcer un avis sur cette série, sans évoquer celle qui l’incarne. Quasiment inconnue, rapidement aperçue dans le dernier Burton, Krysten Ritter avait ici tout à prouver. Et il faut bien le dire, elle s’en sort excessivement bien. Campant une héroïne à la super-force hantée par le souvenir d’un super vilain qui manipule à son gré la volonté des gens, Kilgrave ; la jolie Jessica Jones s’est reconvertie en détective privée. Malgré les nuits blanches et les rasades de whisky, ses démons ne s’estompent pas et semblent enfin prêts à la rattraper. Loin de surjouer le rôle de l’écorchée vive, Ritter parvient à légitimer la sensibilité de son personnage en quelques coups de poings. Elle s’impose avec sa beauté gothique comme une évidence implacable et incontestable, qui la propulsera certainement très loin. Déambulant avec grâce dans le monde cradoque dont elle est l’égérie, Ritter ne fait qu’un avec l’univers urbain et mélancolique qui l’entoure. Elle est épaulée par un excellent casting qui incarne des personnages tout en nuances : David Tennant ( Doctor Who) excelle en Kilgrave dandy blasé de son pouvoir suprême, et Mike Colter (Halo) met ses merveilleux muscles au service de Luc Cage, l’autre superhéros de la série.

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De plus, la photographie, entre clair-obscur, lumières crues et néons nocturnes transcende une ambiance glauque et réaliste. Le très bon générique confirme d’ailleurs cette réelle volonté d’esthétisme dans la série. Concernant le scénario, une logique très audacieuse se met très vite en place. Le mystère se dissipe peu à peu concernant le passé de l’héroïne, et le flou laisse apparaître une sordide toile d’araignées. Sa revanche prend peu à peu tout son sens au milieu des pièges lancés par son ancien bourreau et des personnages secondaires tous un peu paumés. Il serait impossible de ne pas évoquer l’aspect féministe dans le choix de certaines situations. On est obligé de penser à un Rape and Revenge dans ce combat d’une héroïne voulant se débarrasser de celui qui l’a placé sous son emprise par le passé. Les situations de fond viennent titiller la corde sensible des puritains américains: Cary Anne Moss campe une avocate divorçant de sa femme pour sa pulpeuse secrétaire ; une victime de Kilgrave fait le choix de l’avortement… Pourtant si l’histoire est subtilement écrite, les dialogues très efficaces et que le rythme est excellent, il faut noter une petite déception concernant la fin de la série qui s’appesantit sur certaines situations secondaires et bâclent la résolution du grand combat final tant attendu. La faute certainement au nombre trop grand d’épisodes (13) qui rouille la mécanique générale de la série.

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Bilan : une série très efficace tenue par une interprète étonnante et un casting sans fautes, Jessica Jones prouve que les super-héroïnes ont encore plein de choses à prouver au monde des médias !

1 Comment

  • Toute Ouie
    Toute Ouie

    C’est vrai que le combat final m’a laissée un peu sur ma faim. Dommage parce que sinon, ça passe bien pour un Binge Watching en bonne et dûe forme!

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