Avec Kentucky, Black Stone Cherry remet l’église au centre du village

Lâché par leur label, les américains de Black Stone Cherry ont repris leur destin en main et enregistré leur album le plus personnel depuis leurs débuts, il y a déjà dix ans

L’histoire de Black Stone Cherry est une histoire banale. C’est quatre copains d’école qui montent un groupe. Ils jamment dans leur grange, enregistrent un premier disque qui cartonne et se font repérer. Le groupe rencontre un label influent (Roadrunners Records) et signe un deal à côté duquel le pacte de Faust passe pour une gentille ritournelle. Pourcentage sur toutes les recettes, droit de regard sur les compos, recommandation appuyée de travailler avec tel producteur, tel musicien additionnel, tel parolier etc…le tout reposant sur des études marketing et des ciblages de la mort pour vendre un max de disques au segment le plus demandeur.

black stone cherryEn l’espèce, l’influence du label a conduit le quatuor à infléchir son Hard Rock des débuts pour en faire un genre de Rock guimauve à midinettes…mais malgré cette pression, les quatre copains sont parvenus à maintenir le cap, ont tenu bon contre vents et marées, ne se sont pas séparés et n’ont pas non plus totalement cédé à leur label. Certes les albums ne sont pas tous exceptionnels, mais le gang n’est pas pour autant devenu un boys band! Plus important, Black Stone Cherry a réussi à se constituer une importante fanbase en Europe et fait partie de ces artistes américains qui sont plus réputés sur le vieux continent que chez eux (comme Paul Auster ou Jim Harrison). Si le groupe sentait que Roadrunner allait bientôt les lâcher, ils sont quand même tombés sur le cul quand le label les a remerciés au retour de leur dernière tournée européenne où ils ont joué à guichet fermé et rempli des salles de 3 à 10 000 places, tout ça parce que durant les six derniers mois ils n’avaient placé aucun single dans le Billboard….paradoxe de la société américaine où le succès se mesure à l’aune de classements complètement vérolés.

Loin de démotiver les garçons, ce divorce qui leur rend une liberté financière sur leurs créations les incite à rechercher un label plus respectueux. Ils acceptent le deal de Mascot qui leur laisse les droits sur les master, ne prend rien sur le merch ni sur les cachets et prend par contre 50% des recettes sur les ventes de disque. Dans une économie du disque où les revenus des musiciens dépendent essentiellement des concerts, c’est un bon deal pour nos amis qui s’empressent de s’enfermer dans leur salle de répet préférée (la petite maison en bois qu’on voit sur la pochette de Kentucky). Ils y composent leur cinquième album studio, un album qu’ils enregistrent dans le studio où ils avaient déjà enregistré leur debut album éponyme en 2004. En dix ans, le son des boys s’est densifié et Kentucky n’a plus grand chose à voir avec le Hard Rock poussiéreux des débuts. C’est du Heavy Metal pur et dur, mais avec cet accent Southern qui met un peu de Whiskey sur la glace. Le groupe n’arrive pas à totalement se débarrasser de ses tendance à la bluette pour pisseuse et aux sonorités un peu molles de la fesse. Mais l’album regroupe aussi un bon quarteron de chansons bien couillues, notamment une cover du War d’Edwin Star qui avoine la pouliche. Les deux premiers single ne sont pas les meilleurs morceaux du disque mais ils donnent une petite idée du genre de son que peut balancer le groupe, pour ceux qui ne connaîtraient pas. Pour les autres, et pour les fans d’Eddy Vedder, il y a The Rambler….

Qu’on aime ou pas, ce projet émancipé montre qu’on peut se sortir des griffes d’un méchant management envahissant et rebondir vers quelque chose de plus personnel. Au cas où vous en doutiez….

L’album sort le 1er avril prochain. Tu peux l’acheter sur le site du groupe ici.

black stone cherry

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