Anarkophobia fête ses 25 ans cette année, profitons-en pour découvrir Ratos de Porao

Anarkophobia est un album de Crossover publié en 1991 par Ratos de Porao, vénérable institution du Hardcore brésilien que nous vous proposons de (re)découvrir à l’occasion du quart de siècle de l’un de ses albums phare

Anarkophobia est le cinquième album studio du groupe de Hardcore Ratos de Porao (RxDxPx pour les intimes). Ratos est né au Brésil en novembre 1981. Originaire de Sao Paulo, la formation s’est d’abord fait connaître sur la scène Punk Hardcore avec des textes vénéneux, mettant le doigt là où ça gratte sur tous les petits travers de la société brésilienne. Une vision du pays plus proche de La cité de Dieu et Tropa de elite que de L’homme de Rio, si vous voyez ce que je veux dire. En trente cinq ans de carrière, le groupe a écumé toutes les scènes underground brésiliennes et sa réputation a dépassé les frontières de son pays natal. Pour nous qui ne connaissons souvent du Metal brésilien que Sepultura et Soulfly, découvrir Ratos de Porao est un bon moyen d’élargir notre horizon musical et de constater que dans le HxC aussi, il y a de bons groupes au Brésil. Evolution et maturité oblige, la musique de Ratos a pas mal changé au cours des décennies et à la période Punk Hardcore originelle a succédé une période Crossover Thrash. On rappellera que le Hardcore est un cocktail Punk – Metal et le Crossover un Cocktail Hardcore – Thrash ; pour illustrer, dites-vous que le Crossover c’est comme du Punk Hardcore au niveau du chant, de l’urgence et des lyrics, mais avec une construction musicale qui emprunte au Thrash sa vitesse, sa technicité et ses soli de guitare.

Le line up historique qui s’est stabilisé vers 1985 rassemble João Gordo (João Francisco Benedan) au chant, Jão (João Carlos Molina Esteves), Jabá (Jarbas Alves) à la basse et Spaghetti (Nelson Evangelista Jr.). S’il y a eu un petit peu de turnover à la rythmique, le guitariste et le chanteur sont présents dans le gang depuis sa genèse et encore aujourd’hui. D’abord distribué par de petits labels locaux RxDxPx est signé chez Roadrunner à la fin des années 80 grâce à l’impulsion des frères Cavalera (SEPULTURA) qui aiment beaucoup la musique des rats de cave. C’est avec le prestigieux label US que sort Anarkophobia en 1991. C’est l’album le plus influencé Metal de la formation et c’est pour cette raison qu’ils ont choisi de l’interpréter intégralement pour leur set du 19 juin 2016 au Hellfest.
anarkophobia ratos de porao

Assister à un set de RxDxPx, c’est plonger dans l’histoire de notre musique préférée et réaliser que le temps a peu de prise sur les grands disques

Pour l’anniversaire de l’album Anarkophobia, RxDxPx l’a interprété en intégralité durant plusieurs shows cette année, et notamment au Hellfest. J’étais dans le public ce dimanche après-midi et c’était du bon. Sur scène,  RATOS DE PORAO suinte le Hardcore par tous les pores. Tatouages de gangs, bandana noir, lunettes de soleil, mine patibulaire et grosse voix d’ogre, l’énorme Joao Gordo (au propre comme au figuré) n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour faire passer son message loud and clear. Les brésiliens nous servent tout l’attirail d’un bon vieux Crossover bien méchant et pas caricatural pour deux ronds.
Assister à un set de RxDxPx, c’est plonger dans l’histoire de notre musique préférée et réaliser que le anarkophobia ratos de poraotemps a peu de prise sur les grands disques. Car un quart de siècle a beau s’être écoulé, Anarkophobia sonne toujours aussi actuel. A la fois dans ses compos incisives et complexes et (hélas) dans ses lyrics venimeux abordant les maux du siècle dernier que le passage de millenium n’a pas du tout gommé, bien au contraire. Même si vous n’entravez rien au portugais, il ne faut pas être devin pour comprendre de quoi cause le quatuor. Vous en aurez un premier indice avec le titre bien sûr, mais aussi son artwork. Il représente un politicien corrompu (pléonasme) attaché au fonds d’une cave où il a été un petit peu molesté. L’homme ouvre d’immenses yeux terrorisés en voyant s’approcher un fer chauffé à blanc qui va le marquer du A symbolisant l’anarchie. C’est simple et direct comme viennent le confirmer les titres des dix brûlots qui le composent : « Contando Os Mortos » (compter les morts), « Morte Ao Rei » (mort au roi), « Ascenção e Queda » (l’ascension et la chute), « Mad Society », « Ódio 3 » (la haine).
Oui, il est bel est bien question des maux qui rongent la société brésilienne et par extension nos belles démocraties modernes : corruption, violence, mort, misère, haine, perte de repères…la liste est aussi longue que déprimante, tout comme l’est le sentiment, pour l’auditeur de 2016 que malgré les alertes et les sonnettes d’alarme, nos élites dirigeantes n’ont pas trouvé les moyens de nous projeter dans un monde meilleur.
Une bonne partie de la discographie du gang est sur Deezer. Je vous partage un très bel extrait live : c’est une cover de Commando (Ramones) avec un featuring de CJ Ramone.

Le site internet de Ratos : http://www.ratosdeporao.org/

anarkophobia ratos de porao

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *