Jour de gras / Kinglord

Après les fêtes, notre organisme malmené par une surdose de gras réclame un peu de bouillon de légumes pour se purger. Foutaises. Il faut traiter le mal par le mal en versant une bonne louche de gras d’aujourd’hui sur le gras d’hier. Et ça tombe bien, j’ai exactement ce qu’il vous faut sous le coude. Le debut EP des suédois de KINGLORD est une ode au gras sous toutes ses formes.

Voyez l’artwork : un dieu cornu encadré par un saumon et un serpent rêve de hamburger. Il vient d’ailleurs de faire de la place à ce festin en vomissant le nom du groupe sur les montagnes suédoises. A n’en pas douter, l’auteur du dessin n’avait pas uniquement abusé de bonne chair, il a aussi fumé quelque chose de très très fort.

kinglord
Rien que du très normal quand il s’agit de l’illustration d’un EP de Doom. Un peu de fumette pour se mettre dans l’ambiance “Sweet Leaf” et beaucoup, beaucoup, beaucoup de gras pour un résultat hautement calorique. Cherchant à obtenir le résultat le plus pachydermique possible, les suédois ont ralenti le tempo et détuné à bras raccourci. “Slowed Down and Tuned Down” comme le disent eux-même Lukas Palo (chant, claviers), Mattias Häggström Gerdt (basse), Maxim Belevich (batterie) et Samuel Hultqvist. Le projet a été enregistré au studio Gröndahl, mixé par Henrik Gennert et masterisé par Mats « Limpan » Lindfors.
Ces noms ne vous disent rien ? A moi non plus pour être tout à fait franc, mais je les cite quand même car ils contribuent autant que les musiciens au son du groupe. Il y a un gros boulot au niveau de la production qui donne à ce projet cette sonorité si caractéristique qu’on retrouve dans les premiers albums de BLACK SABBATH et toute la vague historique du Doom.

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“Salmon and the snake”, “Judas Priest” et “Kim Bong II” sont toutes construites selon le même schéma. D’abord, la rythmique qui envahit tout l’espace. La basse, très en avant dans le mix, dont le bourdonnement puissant et physique est secondé par un riff de guitare en mode mastodonte et une batterie qui existe comme elle peut dans le maigre espace que lui concèdent les gratteux.
Le trio rythmique édifie un mur de gras bien épais, parcouru par les vibrations sourdes d’un ampli poussé à son paroxysme. La sensation de lourdeur est physique, elle vous plaque au sol comme vous portiez un éléphant sur les épaules. Sur cette base oppressante jouée si lentement qu’on croirait qu’elle dure des heures, l’action conjuguée des claviers et du chant dessine des motifs lancinants comme le ferait un charcutier sur une galantine de volaille. Tout cela est exécuté dans les mêmes tonalités basses et profondes, suintant le désespoir à grosses gouttes noires et grasses. Le travail de Lukas Palo au chant et aux claviers donne à l’opus une sympathique touche psychédélique qui sort un peu le son du lot même si le combo respecte à dessein les codes du genre, celui d’un Doom très oldschool.

Ce petit EP a le mérite de ne pas trop s’étendre sur le sujet. En vingt minutes, on a fait le tour de la formule et découvert un groupe de Doom suédois de plus.

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