Prolifique, Drake occupe toujours le terrain en sortant une playlist, More Life. Faut-il le détester?

Avec un album Views sorti en 2016 et une grosse Mixtape IYRTITL en 2015, Aubrey Drake Graham (AKA Drizzy, OVO ou Drake) est devenu à 30 ans, une (la?) légende du rap des années 2010. Toujours innovant (commercialement) il revient avec un nouveau format, la playlist d’artiste, dont le titre est More Life.


Pourquoi une playlist et qu’est-ce qu’on en a à faire Lancenoire?

Plusieurs artistes et éditeurs ont influencé le Bilboard pour qu’il commence à faire le classement des playlists sur les plateformes de streaming. En général, une playlist est plus une compil’ de différents artistes.
La playlist d’artiste fait partie d’un changement de paradigme de format musical. Plus long qu’un album, la playlist n’a pas d’unité thématique et s’affranchit du besoin de cohérence scénaristique ou de narration. Ce n’est plus une œuvre personnelle d’un artiste, c’est l’occasion pour cet artiste d’inclure des morceaux qui ne s’intègre pas dans un album, de faire participer avec plus d’importance les collaborateurs et d’inviter leurs univers musicaux. Il y a donc des titres de Drake dans cette playlist, mais surtout beaucoup de featurings parfaitement réalisés.

Pourquoi ce changement?

Ça permet de sortir des disques plus souvent et ça évite de sortir des albums posthumes. Encore une question de sous : les artistes ont désormais besoin de titres pour faire leurs concerts et, par conséquent, de nouveautés pour attirer le chaland.

Mais revenons à l’artiste.

Drake fait partie, cher ami lecteur, de mes artistes Hip-Hop préférés : auteur, producteur, innovateur musical, intime et émotif. Je le connais depuis So Far Gone, je l’ai vu grandir, mûrir et connaître plus que la gloire : c’est un peu le fiston du rap que je n’ai jamais eu. Un subtil mélange d’origines afro-américaines et juives : un métissage international. Certains diront que pour un black, il est plus blanc que Childish Gambino. Ce n’est que jalousie (et aussi beaucoup de racisme). C’est la raison pour laquelle, il ne faut pas détester cet artiste pour des raisons de street cred’ ou d’underground. Des gens vous parleront du côté pur de Kendrick Lamar; mais honnêtement, l’un est terriblement traditionnel et folklorique, l’autre est beaucoup plus sophistiqué, international et innovant.

Je te saoule sûrement, alors passons à la playlist.

Les invités ont la part belle dans cette playlist, c’est très réussi, en ce sens que même si l’on sent la touche de Drizzy dans les tracks, c’est bien l’univers du guest qui en ressort.

4422 est un titre complet de Sampha que nous avons déjà chroniqué, plus soul RNB, très doux, sensuel, voire mélancolique. Sekpta a un interlude complet pour lui tout seul : très rap pur et dur. Glow avec Kanye West est complètement dédié au style de ce dernier. Giggs, ce vieux de la vieille a deux track, plus odschools, mais tellement marrants (notamment sur KMT). Young Thug bénéfice aussi des mêmes conditions – 2 titres – et signe un super track dans Ice Melts, avec un son au croisement du ragga et du P-Funk.

Dans ses tracks en solo, le style musical varie souvent entre les sonorités caribéennes, africaines, house, neosoul. Drake s’affranchit des contraintes dogmatiques liées au rap. Il y est intime, sensuel, parfois triste ou colère. Son flow varie en fonction de l’ambiance sonore, son chant s’accorde sur les tonalités de l’instant. Les influences vont de la pop des 80’s au dancehall des 00’s., en passant par le Toronto Style. Vous retrouverez dans ces morceaux des titres qui auraient pu aussi bien s’intégrer sur Take Care, Views ou Nothing Was The Same, avec la même ambiance sonore.

Une écoute valant toutes les dissertations, je vous laisse découvrir cette playlist (qui accompagnera parfaitement votre vie :


Pas de clip pour l’instant, mais fait confiance à tes oreilles et oublie les clips un peu trop putassiers du Hip-hop…

Bisous, ami Bukowskien.

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