Death Note version Netflix, la kryptonite des fans

13 tomes, 30 millions d’exemplaires vendus, un anime cultissime et beaucoup beaucoup de fans dans le monde entier. « Death Note » est, pour moi, le seul manga des années 2000 qui a su créer un univers hors du commun à l’intrigue aussi angoissante qu’un film de Stanley Kubrick.
Netflix a décidé de s’attaquer à ce monument et la semaine dernière, le film est sorti sur la plateforme. J’ai lu le manga, j’ai regardé l’anime et j’ai maté le film. Voici mon avis. 

Tout d’abord, il faut savoir qu’il y a 15 ans, la consommation de mangas dans ma vie était aussi intense que ma présence sur MSN Messenger… Très intense donc. J’ai été et je suis une grande fan de Death Note. J’ai toujours adoré la coiffure déjantée de L, admiré la perversité attendrissante de Ryuk et flippé devant le « mad face » de Light (arrivant en 2ème position après Le Pen dans le Top des visages traumatisants des années 2000).

J’attendais donc cette adaptation avec impatience. Allais-je retrouver cet univers si spécial ? L’histoire allait-elle être respectée ? Était-il réellement possible de « résumer » 13 bouquins en 1h40 de film ? Netflix allait-il réaliser l’impossible et réussir l’adaptation américaine d’un manga japonais ? La réponse est non. Malheureusement.

Des bases mi-molles mi-solides

Dans l’ensemble, le synopsis de Death Note est respecté. Un jeune lycéen trouve un cahier par terre : le Death Note. Lorsqu’il écrit un nom dans celui-ci, la personne en question meurt. S’il n’écrit pas la cause de la mort, la personne en question mourra d’une crise cardiaque. Il lui suffit de connaître le nom, le prénom et d’avoir le visage de la victime en tête pour que cela fonctionne (oui, mieux vaut éviter de faire crever tous les homonymes d’une même personne).
Light, le lycéen en question, se prend alors pour Dieu lui-même et rend justice en éliminant les criminels. Toutes les polices du monde se lancent alors à sa recherche et notamment L, détective insomniaque mais surtout véritable génie.
Cependant, pour passer de 16h d’anime à 1h40 de film, l’évolution des personnages, le développement de l’intrigue et même une bonne partie de l’histoire passent à la trappe. À croire que le réalisateur, Adam Wingard, n’a même pas maté le truc, s’est contenté de lire un résumé et a remanié l’ensemble à sa façon. Sachant qu’il a fait la même chose avec le Projet Blair Witch, il ne fallait pas s’attendre à mieux de sa part. C’est ainsi que Light devient un adolescent américain solitaire dont la mère a été tuée par un bandit. La scène où il élabore une cachette dans son tiroir (qui est, pour moi, magistralement bien pensée) n’est pas présente dans le film et c’est bien dommage. Misa, mannequin écervelée possédant son propre Death Note, devient ici Mia, camarade de classe de Light, un peu rebelle et surtout plus manipulatrice que l’originale. Et enfin, ce cher L, toqué jusqu’au bout des ongles et accro au café finit par avaler des petits Skittles les uns après les autres tout en perdant son sang froid pourtant légendaire dans l’anime. Pour le moment, on se dit que c’est un peu la catastrophe et c’est loin d’être terminé.

Photo Nat Wolff   death note

Une intrigue trop rapide

Avec des bases un peu bancales, l’intrigue a du mal à se mettre en place car tout va trop vite. L’histoire d’amour entre Light et Mia est bâclée et insipide, on a du mal à s’attacher à eux et on se rend vite compte des attentes de l’un et de l’autre. Le jeu d’actrice de Margaret Qualley (oui la danseuse allumée de la pub Kenzo) rehausse un peu le niveau mais sans faire de folies. Même sans avoir vu/lu le manga, il est aisé de deviner la suite. Les dialogues censés nous donner quelques sueurs froides se contentent de faire avancer difficilement l’histoire. Le jeu du chat et de la souris entre Kira et L, matière première de Death Note, perd très vite de son intérêt. Les pièges élaborés par l’un et l’autre, les caméras installées dans la chambre de Light, les manipulations malsaines et même l’invention de fausses règles par Kira. Tout a été oublié, il n’y a rien. C’est vide. On se retrouve avec une enquête de police (trop) pauvre façon The Mentalist.

Photo Margaret Qualley  death note

Teen-movie à l’américaine

Très vite, on tombe dans le schéma narratif qu’on apprend en cinquième. Vous savez, le petit chemin que suivent les films hollywoodiens dont le but principal est de faire de la thune avec une situation initiale, un élément perturbateur, des péripéties, une chute et une fin. La bonne petite soupe des familles qu’on nous sert à toutes les sauces.
La colonne vertébrale de Death Note est d’enchaîner les perturbations et les chutes et on est loin de ça.
Adam Wingard essaie de se rattraper en nous balançant des morts bien gores à la Destination Finale. Tellement exagérées que l’on remet en question leur pertinence et surtout leur utilité. Pourquoi travailler sur une mise en scène surfaite plutôt que d’améliorer un scénario maigrichon ? Personnellement, je n’arrive pas à voir où l’on veut nous emmener. C’est clairement le bordel.

Finalement, pour moi, regarder ce film c’est comme acheter un plat préparé de bœuf bourguignon en s’attendant à déguster celui de sa grand-mère. Certes c’est rapide mais aussi immangeable que ce soit pour le fan ou pour le néophyte.
Cela s’explique par le fait que le film est trop condensé pour l’un et trop incompréhensible pour l’autre. Conclusion : matez l’anime, il est aussi disponible sur Netflix.

 

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