La grosse D(é)faite de la musique à l’UFO : EYEHATEGOD, Dopethrone, Bongzilla et Sons of OTIS

La D(é)faite de la musique à l’UFO Bar le 21 juin Deux Mil Dix Huit

Une rumeur sourde et latente a envahi les lieux les plus sales de la capitale avant l’été…
Des mots qui s’échangent entre afficionados, des messes basses parmi les regroupements de fans de gros décibels et de t-shirt noirs. L’idée était là : une affiche si lourde que tous en doutaient. Gratuite. Pour la fête de la musique. Sur un trottoir. 

Qui connaît la fête de la musique parisienne ne s’attend généralement pas à une programmation exceptionnelle. Souvent en semaine ou coincée entre les festivals, il s’agit plutôt de rentrer chez soi au mieux alcoolisé et au pire imprégné d’odeur de sandwich merguez. Surtout pour ce public de darkos, généralement cloîtré pour :

  • éviter le Hellfest
  • se remettre du Hellfest
  • parti en festival loin du Hellfest.

Ou alors, en tant que groupe, se faire u petit concert privé avant de partir rejoindre des immenses foules ? Pourquoi pas…

Et en cette glorieuse année 2018, un petit bar d’irréductibles qui m’est si cher a décidé de changer la donne.

Si cette affiche ne parlera pas à tous, croyez-moi, elle émerveillera le vieux punk-crust en vous. Je vais donc vous narrer le concert de Sons Of Otis, Dopethrone, Bongzilla et EYEHATEGOD à l’UFO, en collab’ avec Stoned Gathering ce 21 juin dernier.

La (dé)faite de la musique, UFO & Stoned Gatherings
La (dé)faite de la musique, UFO & Stoned Gatherings

Pas de scène, les amplis à moitié dans le bar et sur le sol, le matos sur le trottoir et le public qui se presse petit à petit. Ceux qui savent. Ceux à qui on a dit “c’est pas ton genre de musique mais ça va être ouf”. Les badauds. Un mec qui félicite un autre au sujet de son t-shirt Bongzilla sans savoir que le groupe va se produire à deux pas dans 5mn… Bref, une petite troupe se forme…

Sons of Otis

On commence avec ces fils d’Otis, canadiens forts en gros sons qui balancent leur stoner doom façon the Melvins depuis plus de 25 ans. Le riff est lourd, la voix est entêtante, le son est fort. Bref, un premier concert qui échauffe la rue. Déjà les bus s’aperçoivent que le chemin va être impraticable et l’on s’amuse de ces voitures qui se demandent dans quel temple de possédés ils ont atterri. Un UFO, des amplis, et ascenseur direct pour le stoner psychédélique qui te fait oublier la faune environnante. Un vrai space jumbo fudge qui se déguste avec les premières bières fraîches (et non les dernières)

Et le feu que t’as utilisé pour allumer ta gratte ? tu vas t’en servir pour quoi ?

Dopethrone

On reste au pays du sirop d’érable et des grands lacs biens connus de la scène : Dopethrone. Tirant leur nom d’un morceau phare d’Electric Wizard, autant dire qu’on ne va pas faire dans la dentelle ni dans la cigarette électronique goût Kinder Bueno. Groupe qui balance du sludge canadien d’une efficacité sans nom. Malgré une ambiance basse du front, la créativité du groupe surprend toujours. La voix rauque et si particulière de Vince résonne jusqu’au milieu du boulevard haussmannien. La guitare si épaisse se répercute sur la pierre et la basse ricoche sur les façades et dans nos oreilles.

Le tour bus garé 2 mètres de la scène bitumée devient le plongeoir officiel des street slam. Si les premiers voient une foule un peu réticente, ce n’est que le début de la soirée…

Puis, cerise sur le gâteau, blunt sur la soirée, nous sommes tous dehors, il fait beau, quoi de mieux que de finir par E N F L A M M E R S A G U I T A R E ? Pourquoi pas ? tabarnak’

Pour allumer des cigarettes roulées très très larges et un peu odorantes

Bongzilla

Pour les non-connoisseurs, pas besoin de faire une biographie détaillée du groupe en trois parties pour comprendre et appréhender les thèmes abordés par Bongzilla. On part au sud du canada pour se retrouver dans le Wisconsin, dans désert, donc du désert rock, du blues, mais surtout, une fois de plus du metal qui tâche et une voix criée, énervée, presque douloureuse qui tire sur le hardcore, des guitares très et trop saturées qui suintent les larsens à la limite parfaite de l’agréable. Des ricains qui veulent te crier leur amour de la Marie-Jeanne, en mélangeant tous les albums qu’ils ont écouté en partageant un bong depuis leur plus tendre adolescente.

Si un ampli crache et craque au milieu du set et qu’un solo s’improvise, peu de chansons acoustiques pour nous ce soir, juste des solo qui rappellent l’opening de Amerijuanican.

Bongzilla c’est ça : le sludge americano. Ta nuque se meut sur un mouvement répétitif et te fait fermer les yeux, adopter avec un sourire béat. Bonheur/10 de pouvoir retrouver tout ça en pleine rue, pour cette nuit, la plus longue de l’année.

Entendre que “that’s one of the coolest thing we’ve ever done”, sur le palier d’un lieu que tu vois plus souvent que la maison de tes parents, c’est la petite touche de chaud au cœur estivale que l’on veut tous

grosse fête à l'UFO
grosse fête à l’UFO

EYEHATEGOD

La nuit se couche, le carnage peut commencer. Avez-vous déjà vécu ce genre de soirée où le taux de hype rencontre parfaitement votre taux d’attente en se couplant avec un apport en potes et se couplant d’alcoolémie ou autre au même niveau ? Calcul certain.

Je ne pense pas vouloir revoir EYEHATEGOD sur scène un jour. Je préfère me souvenir de ces Wall of death foireux tentés au passage des voitures, de ces slams improbables et pourtant assurés, de la fameuse rue Edouard Lockroy (aka rue de la pisse il faut le dire) remplie jusqu’à ce fameux mac Do (qui accompagna de nombreuses soirées de cuites). Ces passants qui s’arrêtent un instant, restent ou non.

Le pit s’énerve, dans la bonne ambiance, ce genre de grosse castagne souriante. Même sans être une fan de hardcore, on ne peut que respecter ces darons de la scène.

Des fleurs, un bar, la vie.
Des fleurs, un bar, la vie.

Bref, je ne vais pas encore vous vanter la réussite de cette soirée. Revenir sur les 3000 litres de bières écoulées, sur la non-intervention des forces de l’ordre, sur le plaisir de voir les membres des groupes boire une bière comme s’ils étaient dans leur rade local. Ou sur l’organisation naturelle qui s’est faite entre ces gens qui ne se connaissaient pas pour assurer la bonne soirée. Je crois que c’est la première fête de la musique que je fais où il y a si peu de débordements. Voir une bande de coreux faire mur aux voitures afin de les laisser passer et reprendre la fête aussi sec, c’est quelque chose que l’on voit si peu. Et merci l’UFO. Merci les Stoned Gathering , merci à celles, ceux qui ont partagé cette soirée avec moi et merci à tous ceux qui sont passés Rue Jean Pierre Timbaud.

 

1 Comment

  • Clara
    Clara

    J’étais en train d’écrire le live-report de Bongzilla au HF pour La grosse radio, et je suis tombé sur le tien. Déjà, c’est vraiment bien écrit. Et, j’ai encore plus la haine de pas avoir été à Paris ce soir là ! Bref bravo

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