L’homme et l’œuvre

Avachi dans mon canapé, la zappette en main, je tombe malencontreusement sur la chaine C News et Éric Zemmour qui déverse son discours éculé visant à stigmatiser tout ce qui ne lui ressemble pas : les femmes, les jeunes, les pauvres, les non-blancs et les non-chrétiens. Après 5 minutes à supporter ce dégueulis de haine, je me pose la question suivante : Et si Zemmour, au lieu de choisir le métier de polémiste, avait préféré celui de boulanger ? Certes aurait-il appelé sa boutique « le Pain Français » ou « la baguette blanche de souche », et peut-être contaminé de son aigreur quelques clients naïfs et crédules, mais au moins, la majorité d’entre nous aurait été épargnée.

C’est de cette réflexion qu’est née mon envie de vous parler du roman d’Éric-Emmanuel Schmitt intitulé « La Part de l’autre ». Pour ceux qui n’ont pas la chance de connaitre cet auteur, sachez tout d’abord que c’est un génie. Et je ne dis pas ça seulement parce qu’il est né dans la même maternité que moi, à Ste Foy-lès-Lyon hein… Non, le gars est quand même romancier, dramaturge, philosophe et réalisateur. Ça vous place le bonhomme.

homme et l'œuvre
Avec ce livre, l’auteur nous propose d’alterner entre la biographie romancée d’Adolf Hitler et celle, imaginaire pour le coup, de ce même Hitler si, le 8 octobre 1908, il n’avait pas été recalé de l’École des beaux-arts de Vienne. En effet, Schmitt est convaincu que le destin du Führer, et par voie de conséquence le destin du monde, auraient pu être tout autre si le jury avait considéré que son talent artistique était digne de l’institution. Cette alternance entre l’histoire réelle et l’uchronie imaginée par l’écrivain, en plus d’être intéressante en terme stylistique, nous interroge sur le destin de tout un chacun, les choix que l’on fait pour soi ou pour les autres, et les chemins que l’on emprunte.

La question est très actuelle : Doit-on séparer l’œuvre de l’homme ? Concernant Hitler, elle ne se pose pas, étant donné qu’il peignait comme je danse. Mais Louis-Ferdinand Céline en son temps et Roman Polanski aujourd’hui font d’excellent « sujets-miroirs » à ce livre que, vous l’aurez compris, je vous conseille vivement d’acheter.

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