Les Téléfilms de Noël.

 

Ils reviennent chaque année à la même période. Ils divisent la France entière. Sont-ils mignons ? Sont-ils mièvres ? Sont-ils féériques ? Sont-ils abrutissants ? Je veux bien sûr parler des fameux « Téléfilms de Noël ».

Dès que fin novembre montre le bout de son nez, à l’heure où la pluie et la grisaille laissent la place au givre et à la neige, les chaînes de télévision commence leur guerre des téléfilms de Noël. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, en zappant un minimum, on trouvera l’un de ces phénomènes saisonniers pour passer 1h30 dans son canapé, sous un plaid, et armé d’un mug de tisane « spéciale nuit tranquille ».

Alors évidemment, souvent dans les familles, tout le monde n’est pas d’accord quant à l’intérêt de visionner ce type de programmes. Il y a Madame qui s’installe confortablement sur la méridienne, accompagnée de la pré-adolescente encore momentanément docile, bouilloire en route et télécommande en main. Monsieur, lui, prévient que pendant ce temps, il préfère descendre au garage pour lustrer la Ford Mondeo, parce que « putain ils font chier à la voirie à foutre autant de sel sur les routes, alors qu’on n’habite même pas à la montagne et que ça bousille la carrosserie, sans parler du bas de caisse ».

téléfilms de noël

Le téléfilm commence. On découvre l’histoire de Tiffany (ouais, une fois sur deux l’héroïne s’appelle Tiffany), dont les parents de la classe moyenne se sont saignés pour lui payer des études dans une grande école américaine, croisant le chemin de Steven (ouais, confère la parenthèse précédente), qui lui est issu d’une famille pétée de thunes dont le père est ambassadeur et la mère styliste. Naturellement elle est belle, intelligente, travailleuse et timide, pendant que lui est beau, hautain, sportif et branleur. Evidemment elle tombe amoureuse de lui et, après 30 minutes de flottement, ce sentiment devient réciproque. Mais derrière ses airs de crâneur, on apprend que Steven, dans une vie parallèle, est en fait un lutin du père Noël et qu’il doit repartir à tout jamais dans le pays des glaces pour accomplir sa tâche. Cependant, l’amour triomphant toujours, le lutin Steven parvient à convaincre le vieux barbu de lui laisser recouvrer sa liberté pour vivre son idylle avec la belle Tiffany.

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Madame dans son canapé ne retient pas ses larmes devant tant de beauté et se mouche nonchalamment dans le plaid, qui devra par conséquent faire un tour dans la machine à laver, mais pas à plus de 20°C, au risque de le faire boulocher. La boutonneuse, quant à elle, commence également à pleurer, bien qu’elle n’ait pas compris l’histoire du téléfilm. Simplement c’est un réflexe pavlovien, un mimétisme à la vue de l’émotion de sa génitrice. Et enfin Monsieur, qui s’était planqué, accroupi derrière la porte menant au garage, laissée entrouverte et donnant directement sur la télévision, fait son entrée en boitant, et expliquant qu’il s’est courbaturé en nettoyant son bolide et que ses yeux rouges sont dus aux produits corrosifs contenus dans le nettoyant pour jantes alu. Malgré sa barbe de 3 jours et ses tatouages apparents, Monsieur est un émotif qui simule avec ces artifices une virilité dont il n’est absolument pas pourvu.

téléfilms de noël

 

Alors on dira ce que l’on voudra, mais tout le monde, dans un moment de faiblesse, peut être touché par un téléfilm de Noël. Bien sûr beaucoup auront du mal à se l’avouer, mais c’est un fait. C’est précisément pour cela que les durs à cuire préfèrent fuir quand la fiction commence, en prétextant n’importe quoi. Pourtant, un moment de honte est si vite passé, comme la période de fin d’année d’ailleurs…

Bonnes fêtes à tous ! Et continuons à nous mentir, même si personne n’est dupe.

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