À corps ouvert

 

Du « Journal d’Anne Frank » en passant par « Le journal d’un vieux dégueulasse » de Charles Bukowski, ou encore « le journal de Bridget Jones » d’Helen Fielding et même « elle m’appelait miette » de Loana Petrucciani (on n’est pas obligé de lire tous les livres que l’on cite si ?), nombreux sont les récits, réels ou imaginaires qui nous sont livrés tels des journaux intimes. Le choix est vaste quand il s’agit de découvrir et de comprendre la psychologie et le parcours de personnages historiques ou romanesques. Malheureusement, l’originalité n’est pas souvent au rendez-vous.

En effet, le propre de ce style littéraire est de nous plonger dans l’âme de l’auteur ou dans l’introspection de son héros.
L’audace de Daniel Pennac dans le « Journal d’un corps » est de nous proposer le journal intime d’un homme, de l’adolescence à la mort, basé uniquement sur le ressenti physique, et non sur l’aspect moral et psychologique du narrateur.

En effet, chaque période de sa vie (de la découverte de la sexualité à la maladie, des moments de joie aux périodes de détresse) est décrite au moyen des 5 sens : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût et le toucher. Le lecteur passe ainsi par toutes les émotions. Il se reconnaît parfois, ou découvre des sensations inconnues. Le narrateur, d’ailleurs, est avide de nous décrire ce que son corps subit : « Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d’abord aux femmes. En retour, j’aimerais lire le journal qu’une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin de mystère. »
Ce livre est beau parce qu’il y a tout à l’intérieur : le bien-être, la souffrance, la jouissance, la maladie, la vie, la mort. Il m’a touché par son côté animal et charnel. On sourit, on souffre, on s’émeut ou tout au moins on s’identifie et l’on ressent.

corps

« Je n’ai pas qu’un cerveau, j’ai aussi un corps okay ? » serait un bien mauvais sous-titre à ce roman, je vous l’accorde. Mais il y a de cela quand même…

Daniel Pennac met tout son coeur à nous emmener avec lui dans cette vie racontée au travers d’un journal intime écrit avec le corps.

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