WHISKY OR NOT WHISKY #53 / DARK (SANS SPOILERS)

Coécrite par Baran bo Odar et Jantje Friese, la série allemande Dark est revenue avec une troisième saison depuis la semaine passée. C’est ici le genre de canevas qu’il faut suivre au moyen d’un schéma dessiné avec soin, tant les univers diégétiques se multiplient. Chronique d’un Whisky capillotracté en ce début d’été…

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours pensé que le soap opera allemand se résumait à Derrick ou bien encore Rex. En soi, j’y voyais donc le genre de série que l’on regarde à moitié ensuqué juste après le 13h de France 2.

Toutefois, c’était avant de découvrir Dark, véritable perle scénaristique produite par Netflix. C’est là un monstre d’intrigues qui s’entrecroisent grâce à des voyages dans le temps. Comme vous pouvez vous en douter, ces multiples diégèses créent alors différents niveaux de réalité, où chacun des protagonistes se rend compte qu’il n’était pas forcément celui qu’il croyait être.

En résumé : deux univers parallèles se côtoient, avec – pour chacun d’eux – diverses temporalités comprises entre 1890 et 2052. Ce qui relie ces différents mondes est une petite ville du nom de Winden, dont l’histoire est étroitement liée à une centrale nucléaire aux abords de la commune. Nous y suivons Jonas, Martha, Elisabeth, Ulrich ou bien encore Hannah. Le point de départ est le suivant : d’étranges disparitions ont lieu à Winden, dont celle de Mads Nielsen.

Froide, et à l’ambiance mystérieuse, Dark est l’exemple même d’une série qui prouve la qualité des réalisations européennes. Le rythme y est maîtrisé dans un genre qui ne recherche pas le bankable. Ici, nul besoin de cliffhanger commercial. A l’inverse, Dark est une série à l’intelligence rare, dont le contenu copieux s’adresse à des spectateurs en recherche d’une narration complexe.

Aux amateurs d’action et d’Alerte Cobra : Dark n’est pas faite pour vous. S’approprier son canevas est un exercice périlleux, où le spectateur averti s’acharnera à décortiquer chacun des mondes parallèles. En fonction des espaces-temps, chaque personnage apparaît jeune ou plus âgé, et cela en lien avec une filiation propre à chacune des réalités.

Pour ma part, j’ai donc fait le choix conscient de ne pas dresser d’arbre généalogique cohérent à l’amorce de la saison 3. Bien au contraire, Dark est le type de série où il vaut mieux se perdre délibérément. A mon sens, c’est là un parti-pris esthétique fort, qui permet à chacun de faire son propre chemin à travers l’œuvre. C’est certainement un choix voulu par Jantje Friese elle-même, consciente de l’importance d’aiguiser notre esprit critique sur ce que nous regardons.

J.M.

Dark (saison 3 – disponible depuis le 27 Juin sur Netflix)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *