Polly, ses démons et les nôtres

J’ai découvert Polly Nor dans le clip Halfway to Nowhere de Chelou. On y suit une femme transformée en démon qui erre dans une jungle hostile. Le style simple, cru et coloré m’a immédiatement séduite, en me rappelant vaguement Robert Combas.

Polly Nor explore les identités de la femme, en proie aux diktats de ce monde et à ses démons intérieurs.

L’apparence, l’intimité et la sexualité sont déclinées sous forme de prints, de peintures et d’installations. Surréaliste ? Polly Nor ne l’est peut-être pas, les corps cartoonesques qu’elle dessine représentent la femme du XXIè siècle, celle de tous les jours et non de papier glacé.

L’identité est comme une seconde peau qu’elle suspend lors d’une expo en 2018 : Airing my Dirty Laundry.

La chambre est aussi centrale dans sa production. Elle est lieu d’interrogations, d’enfermement mais aussi de liberté, avec pour fenêtre sur le monde un smartphone. Une chambre similaire au clip a d’ailleurs été reproduite pour le show It’s Called Art Mum, Look It Up.

Avec humour, Polly Nor narre l’anxiété, la difficile estime de soi ou les relations nulles.

Elle arrive à embrasser universellement la condition féminine à l’ère d’Internet où les représentations de « la Femme » sont multipliées et omniprésentes.

Ses démons nous sont familiers, ils sont nôtres et envahissent aussi la toile. Elle cumule aujourd’hui plus d’un million d’abonnés sur Instagram. Comme beaucoup d’artistes travaillant principalement de façon digitale, Polly Nor fait face aujourd’hui à la récupération : du simple mème au message sexiste, de la bête absence de mention à la copie.

Pourtant, ses prints (voici mon préféré) sont à un prix accessible donc n’hésitez pas à jeter un oeil à son shop.

Dans le même mouvement d’artistes présentes sur Instagram avec une production rafraîchissante et décomplexée, je vous recommande Céleste Mountjoy aka Filthy Ratbag.

 

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