I’m Thinking of Ending Things / Un road-trip dans ta tête

Sobrement traduit « Je veux juste en finir » sur Netflix, tu peux voir ce film juste après Tenet et te faire une belle entorse au cerveau.

Une jeune femme part en voiture rencontrer ses beaux-parents avec son petit copain Jake. Ils dînent ensemble dans leur ferme, puis reviennent sous la neige.

De ce pitch simplissime naît une odyssée métaphysique, signée du génial scénariste Charlie Kaufman (Dans la peau de John Malkovich, Eternal Sunshine of the Spotless Mind). Le film est à la fois contemplatif et très verbeux : un trajet en bagnole, ça peut être long, surtout quand on essaye de rompre avec le conducteur. Heureusement, les acteurs Jessie (Buckley) & Jesse (Plemons) sont excellents. Dans le rôle de la belle-mère, Toni Collette est aussi flippée que dans Sixième Sens et aussi flippante que dans Hérédité.

Entre Shining et Get Out, l’oeuvre est impossible à décrire. Il faut l’expérimenter concentré : pour une fois, elle se prête bien au streaming chez soi. Elle fonctionne comme un test de Rorschach, avec environ une centaine de réflexions possibles sur la vie, la mort, l’art, l’amour, … Peut-on s’aimer soi-même en aimant les autres ? Est-on conditionné par l’amour de nos parents ? Une oeuvre d’art peut-elle réellement être originale ? Vous avez 4 heures.

Vivre, c’est être pesé sur une balance étrangère

Le spleen loufoque du scénariste Kaufman m’a toujours emballé, mais depuis qu’il est passé seul à la réalisation il y a 10 ans, il a tendance à ne plus cacher son profond désarroi. Je me demande quelle part de nihilisme vient de l’oeuvre originale (le roman I’m Thinking of Ending Things de Iain Reid, paru en 2016 et publié en français sous le titre Je sens grandir ma peur).

Où sont les femmes ?

Ce qui me chiffonne au final, c’est que l’histoire s’avère être plus celle de Jake que celle de sa copine. C’est pourtant elle qui est mise en avant dans tout le matériel promo du film. C’est par elle que nous entrons dans l’histoire, mais elle est plus une projection des relations passées (et futures ?) de Jake. Cette situation me fait ré-évaluer les rôles féminins chez Kaufman.

Lisa est une poupée magique qui redonne au héros le goût de vivre dans Anomalisa (son précédent film, une incroyable animation image par image). Clémentine dans Eternal Sunshine a la puissance de feu de Kate Winslet, mais la connaît-on vraiment ? Pendant tout le film, Joel (Jim Carrey) se bat pour littéralement la faire exister et ne pas la réduire à un souvenir bientôt effacé. Nous la voyons finalement peu en dehors de l’esprit de Joel.
Bref, on est à deux doigts du cliché de la Manic Pixie Dream Girl : cette femme qui n’existe que « pour apprendre aux hommes à l’âme engourdie à embrasser la vie, ses mystères et ses aventures infinis ».

« i’m thinking of ending things (Je veux juste en finir) » est disponible sur Netflix.

 

2 commentaires

  • Jean-Baptiste Poncin
    Jean-Baptiste Poncin

    Effectivement … je viens de le voir et je ne sais pas encore trop quoi en penser. Je suis dans le même état qu’en sortant de « Lost Highway » de David Lynch. Je crois que je vais lire le bouquin, peut-être pour mieux comprendre.

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  • Charlie
    Charlie

    Oui, j’ai très envie de lire le livre également !

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