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Philosophie

Une période sombre de l’Histoire de l’humanité est en train de s’écrire. Nous faisons partie des générations qui, si elles n’ont pas vu de guerre mondiale, auront connu une pandémie planétaire et les conséquences que celle-ci aura les années suivantes. Car oui, chers lecteurs, point n’est besoin d’avoir fait de longues études pour affirmer que la prochaine décennie sera compliquée, sur le plan économique particulièrement. Pas joyeux comme introduction, mais il faut bien mettre les pieds dans le plat de temps à autre. Et devant l’absurdité de la vie, dont le principe est quand même de naître pour finir par mourir je le rappelle (!), il n’est pas inutile de se poser, de réfléchir et de donner un sens à tout ça. Or, la discipline qui nous guide dans cette quête est un gros mot pour beaucoup d’étudiants ainsi que pour leurs parents : la Philosophie.

« Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie »

Il se trouve que nous réfléchissons au sens de la vie depuis des millénaires. De nombreux courants de pensée se sont succédés depuis le VIème siècle avant JC. Et parmi ceux-ci, je me suis arrêté sur le stoïcisme : selon les stoïciens, pour vivre heureux, il ne faut pas lutter contre ce qui ne dépend pas de nous, mais au contraire l’accepter ; à l’inverse, ils nous invitent à nous concentrer sur tout ce sur quoi nous avons du pouvoir. À l’heure où la peur de l’avenir nous ronge, où la déprime est devenue aussi contagieuse que la Covid-19, le stoïcisme me parait être une doctrine idéale pour se ressaisir et aller de l’avant. En effet, malgré le fait qu’elle existe depuis la bagatelle de 24 siècles, elle résonne en nous comme une solution extrêmement moderne à nos tourments psychologiques notamment. Et l’un des représentants les plus illustres du stoïcisme s’appelle Sénèque. Il est né à peu près en même temps que Jésus-Christ et nous laisse une empreinte moins populaire que ce dernier, ce qui est vraiment dommage à mon avis, ses « Lettres à Lucilius » pouvant allègrement être considéré comme une bible du « vivre mieux ». Sa traduction la plus récente s’intitule d’ailleurs « Apprendre à vivre, choix de lettres à Lucilius »

« L’essentiel est l’emploi de la vie, non sa durée. »

Soit. Mais c’est qui ce Lucilius ? Et bien en fait, on ne sait pas. Ce serait un ami de Sénèque, cultivé et écrivain comme lui, lassé de l’épicurisme et qui voudrait être initié au stoïcisme. Seulement voilà, nous n’avons que les 124 lettres adressées à l’énigmatique Lucilius et non ses réponses. Ce qui fait dire aux spécialistes que cet interlocuteur n’aurait probablement jamais existé et que Sénèque, par cette fiction épistolaire, aurait simplement eu pour but de livrer au monde et à travers les siècles un véritable enseignement par correspondance, un cours de sagesse stoïcienne appliquée.

« Le plus grand obstacle à la vie est l’attente, qui espère demain et néglige aujourd’hui. »

Et en effet, quelle claque de lire cette œuvre 2000 ans après son écriture ! Sénèque nous livre sa vérité à chaque chapitre, comme des coups de scalpel dans nos certitudes. Je n’ai pas compté le nombre de fois où j’ai relevé mon nez du livre en me disant « Putain mais c’est vrai ça ! Il a raison ce con ! C’est tellement évident… ». Il nous invite à ouvrir les yeux sur des certitudes enfouies très profondément en nous, tellement profondément que nous les avons oubliées. Des notions pourtant très simples : Le passé est passé et nous ne pouvons rien y changer ; Nous ne pouvons pas décider de vivre longtemps, mais libre à nous de vivre pleinement ; Nous ne devons pas être dans le regret de ne pas avoir une vie plus opulente mais être dans la joie d’avoir une vie moins pauvre que beaucoup d’autres ; Le drame de notre vie est que nous passons notre temps à nous morfondre sur le passé et à angoisser de l’avenir, ce qui fait que nous passons le plus clair de notre vie à souffrir psychologiquement plutôt que de profiter de la seule chose qui compte : le présent.

« Toute la vie n’est qu’un voyage vers la mort. Il faut toute la vie pour apprendre à vivre. »

Bref c’est infini, 290 pages qui nous remettent les idées en place. Évidemment et comme souvent, les préceptes de Sénèque sont plus faciles à lire qu’à mettre en application. Il n’empêche que cela fait un bien fou, dans ces moments troublés, d’être guidé vers la félicité, d’autant plus quand celle-ci est à portée de main, endormie à l’intérieur de chacun d’entre nous.

« Personne ne se soucie de bien vivre, mais de vivre longtemps, alors que tous peuvent se donner le bonheur de bien vivre, aucun de vivre longtemps. »

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