On oublie la Scandinavie ! La trilogie polar « Micropolis » à Niort change le décor

Le chef-lieu des Deux-Sèvres est surtout connu pour être la capitale pépère des mutuelles et des assurances françaises. Mais il faut se méfier de l’eau qui dort, même quand elle semble aussi calme qu’une balade en barque dans le marais…

A mi-chemin entre Poitiers et La Rochelle, Niort est de ces villes où l’on passe, celles qu’on voit sans les regarder (pour paraphraser Omar Sy). Quatrième place économique du pays, elle continue de se la jouer discrète avec ses 60 000 habitants. Bref, malgré son club de foot en Ligue 2, il semble difficile d’y imaginer des aventures palpitantes.

Et pourtant, Niort n’est préservée ni de la corruption des élites, ni de la violence populaire. Du pain béni pour la journaliste Léna Korzybski, « corps étranger » parmi cette société qui ronronne. Son allure, ses amours, son franc-parler : tout détonne chez elle. Sur le fond, ses enquêtes sont décrites avec une telle précision qu’on ne peut que croire à leur véracité. Mais non : s’ils reposent sur un terrain connu (l’auteur fut adjoint à la mairie), les indices et les interlocuteurs de Léna sont bien tous fictifs.

Un polar « sans flic, sans flingue et sans fesses »

Sur ce fond documenté, la forme confine au page-turner. Unité de temps, de lieu et d’action : les chapitres ornés de didascalies se dévorent au rythme des répliques qui fusent. Il s’agit moins de démasquer un fautif que de comprendre ce qui se trame sous nos yeux, dans le creux d’une société divisée et d’autant plus menaçante qu’elle ne laisse rien paraître de prime abord.

photo : @flo_dnd (Studio N)

Qu’elle s’oppose au conseil municipal, à des apprentis djihadistes ou aux « parrains » locaux, Léna ne se départit jamais de son humour. Ses enquêtes ouvrent un nouveau champ des possibles : celui d’un récit décomplexé où chacun a son histoire et où le dernier mot revient bien souvent aux jeunes lycéens, à leur bouillonnement et à leurs désirs. Vous avez ici une trilogie emballante qui ravira chaque lecteur, et pas seulement les deux-sévriens. Micropolis vient (r)allumer ce qui parfois manque à la province : un désir de fiction.

« Nulle part à Niort », « Niort par-dessus tout », « Contre vents et marais » sont disponibles chez Geste Éditions.

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