The Medium : quand le jeu vidéo sert de thérapie

Réalisé par le studio Polonais Bloober Team, studio à l’œuvre derrière ‘’Layers of Fear », ‘’Blair Witch’’ et plus récemment ‘’Observer System Redux » (avec feu Rutger Hauer dans le rôle principal). « The Medium » nous promettait un jeu d’horreur avec un split-screen en gimmick. C’est avec cette promesse que je me suis lancé dans cette aventure. Moi, l’apôtre des dents qui claquent à la première porte grinçante.

Suis le lapin blanc

Vous incarnez Marianne, jeune femme revenue dans la concession funéraire de son père adoptif pour lui rendre un dernier hommage. Vous comprendrez vite que Marianne, en plus d’être sorti d’un orphelinat par Jack votre défunt père adoptif, a eu une enfance des plus surnaturelles et bizarres. C’est alors que le téléphone résonne dans le Bureau de votre paternel et qu’un certain Thomas vous donne rendez-vous en faisant resurgir les démons de votre enfance. Votre avatar se lance à corps perdu dans ce qui pourraient être des réponses aux questions longtemps mises en suspens.

Pile je gagne, face tu perds

Le scénario nous emmène dans un vieil hôtel désaffecté ayant servi de camp de vacances des années auparavant. Avec ce lieu, le studio évoque l’histoire principale des protagonistes mais aussi, en filigrane, le passé de la Pologne. Du rapport au nazisme ainsi que l’influence de l’URSS sur le pays et du questionnement sur le socialisme patriotique. Même si ce questionnement sur l’histoire de la Pologne reste évasif, on sent bien un passé qui travaille le studio. Pour preuve également, le générique de début du jeu.

Mangez-moi ! 

Le gameplay tutoie le point and click et le walking sim la plupart du temps. Cette maniabilité sert le scénario et l’intrigue morcelée qui viendra se mettre en place grâce aux différents objets croisés sur la route de Marianne. Des phases de gameplay orientées plus action viendront joncher la progression. Il prend la forme d’un ennemi invulnérable faisant irruption, vous obligeant à vous cacher ou à courir pour votre survie. Bien que l’ennemi en question, campé par un Troy Baker (Death Stranding, The Last of Us, MGSV….) en grande forme, soit intéressant. Les phases ne brillent pas par leur originalité ni leurs exécutions. On se prend régulièrement à pester contre la maniabilité de notre protagoniste n’aidant pas à réussir ces phases délicates.

De l’autre côté du miroir

Côté visuel, le jeu sur Series X tourne comme un charme la plupart du temps. Sans être un foudre de guerre, il flatte la rétine et les choix de caméra viennent conclure cet aspect. Au-delà de sa qualité graphique dans les standards actuels, le jeu brille surtout par sa direction artistique. Le studio avait déjà montré un talent indéniable avec Observer. En faisant le choix de s’inspirer du travail de Zdzisław Beksiński pour la direction de The Medium, la Bloober Team accouche d’un jeu à la puissance évocatrice indéniable. On est happé régulièrement par des tableaux d’une beauté étrange.

Ci-dessous, pour aller plus loin :

3 peintures de Zdzisław Beksiński

 

 

 

 

 

Volte-face

Et ce gimmick du split-screen me direz-vous ? Il intervient régulièrement pour exprimer la dualité chez notre personnage ayant la capacité à se mouvoir des deux côtés de la réalité et permet entre autre de résoudre quelques puzzles. Sans être révolutionnaire, le système permet des énigmes à ‘’deux faces’’ sympathiques. Les puzzles en général ne demanderont pas une intelligence au dessus de la normale. On est sur du simpliste voire très simpliste.

Et les momerates embradent

Dernier point sur la musique qui vient épouser les images avec une belle maestria. Arkadiusz Reikowski, compositeur de la Bloober Team, livre ici une bande son mêlant organique et électronique, servant l’ambiance du jeu tout en ressortant des thèmes forts. Cerise sur le miroir, Akira Yamaoka (compositeur emblématique de la série ‘’Silent Hill’’) vient ici nous gratifier de quelques musiques et arrangements dont 3 chansons avec sa muse Mary Elizabeth McGlynn au chant. Il met là un point final à cette bande originale de grande qualité.

Conclusion 

En définitive, The Medium reste dans la lignée des travaux déjà accompli par son studio. La déception sera peut-être grande pour certains qui s’attendaient à un jeu horrifique avec phases d’action angoissante. A contrario, la team polonaise nous propose un jeu servi par une ambiance et une direction artistique folles dignes des plus grands du genre tel Remedy et leur ‘’Control » atmosphérique. Ajoutez à cela une bande originale solide en la matière et un scénario plaçant la petite histoire dans la grande, le tout sans chausse-pied apparent. The Medium reste à ce jour le jeu le plus abouti du studio et place le studio polonais comme un acteur solide des jeux à ambiance. Il démontre aussi, s’il en était encore besoin, que la Bloober Team est un studio qu’il faudra suivre de près dans les prochaines années.

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