Libération, Equipe de France de Football et Fraternité

Another Whisky, AOW pour les intimes, est un blog musical et culturel, comme chacun sait. Du coup, l’équipe de France de football n’a, a priori, absolument rien à foutre ici. Et pourtant, je viens la placer au centre de cette chronique, et pas seulement par impertinence ou provocation. Parce que je vois une corrélation évidente entre la culture et les compétitions sportives internationales. Laissez-moi essayer de vous expliquer mon cheminement…

Il y a deux choses qui m’attirent dans l’art et la culture : l’évasion et le partage. En effet, quoi de plus dépaysant qu’une exposition de Kandinsky, ou qu’un livre de Tesson ? Les artistes nous emmènent, au travers de leur imagination et de leur talent, dans de lointaines contrées de l’esprit qui nous nourrissent et nous grandissent. Mais ces voyages seraient bien fades si nous ne pouvions les partager entre collègues, amis, ou même à plus grande échelle comme mes confrères et moi le faisons ici, sur ce blog, avec vous.

« Tout ce qui dégrade la culture, raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. »

Albert Camus

Nous sommes très heureux d’être lus par des femmes et des hommes de tous âges, de toutes origines et de catégories socio-professionnelles complètement différentes. Et c’est justement ce que l’art a de plus beau : c’est qu’il n’appartient à personne et à tout le monde à la fois. Il interpelle, il éblouit, il choque, il provoque même le débat parfois, mais il nous unit dans la réflexion qu’il nous impose. Et au-delà de tout, il nous fait nous rencontrer, les unes, les uns et les autres. Ne serait-ce que lorsque nous échangeons en commentaire, sous nos articles, pour reprendre l’exemple de ce blog.

Mais quel rapport avec l’équipe de France de football me direz-vous ? J’y arrive ! Je suis d’une génération qui a connu la Coupe du Monde 1998. J’entends par là qui l’a vécue avec la fougue de la jeunesse. Je peine à trouver un comparatif à la liesse que nous avons partagée en ce mois de juillet. Nous étions jeunes ou vieux, campagnards ou citadins, riches ou modestes, et nous portions tous le même maillot. Nous étions, pendant une durée malheureusement trop courte, passés au-dessus des clivages politiques, des conflits de générations, des tensions sociales, ethniques ou même religieuses. Des moments de grâce comme il est rare d’en vivre, avec autant de personnes à la fois.

Equipe de France

L’ambiance dans les fans zones à l’époque était assez comparables à celles que l’on vit lors de concerts ou de festivals. Au détail près qu’au lieu d’être quelques centaines, nous étions des millions. 20 ans plus tard, j’ai retrouvé ces sensations, avec la victoire en Coupe du Monde 2018. Pourtant, je dois l’avouer, le plaisir était un petit cran en dessous. Était-ce lié au fait que ce n’était plus une première fois, que la compétition avait lieu en Russie et non en France, ou encore que j’avais vieilli tout simplement ? Quoi qu’il en soit, ces moments qui fédèrent sont précieux et l’on a tous envie d’en revivre.

Après deux années passées à mettre notre vie entre parenthèses, à ne plus assister à des spectacles, à des expositions ni à discourir autour d’une bière et d’une planche de fromages, on a tous faim de fête, de joie et de rassemblement. Là est la mission immédiate des artistes sur la scène, comme sur le carré vert. Nous permettre, par leur talent, d’oublier les mois de disette et d’accablement. Nous faire vivre une aventure commune, nous rendre nos émotions perdues, ou tout au moins oubliées.

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon, nous allons mourir ensemble comme des idiots. »

Martin Luther King

Faites taire les cloches de la discorde ! Il y aura toujours des observateurs à la malhonnêteté intellectuelle crasse, qui cibleront untel parce qu’il ne chante pas la marseillaise à gorge déployée, en omettant sournoisement le fait que Platini, Giresse, Cantona ou Blanc ne desserraient pas les dents pendant l’hymne national. Il y aura toujours des cons pour galvauder la notion de rassemblement national. Ceux-là sont irrécupérables, on fera sans eux. Faites-nous vibrer, faites-nous rêver et remettez-nous sur les rails du vivre ensemble. Allez les bleus !

Street Art Respect

2 commentaires

  • Charlie
    Charlie

    C’est beau ça ! Tous ensemble, tous ensemble, HEY ! HEY !

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    • L'homme des cavernes
      L'homme des cavernes

      Oui, il serait temps que l’on se retrouve enfin tous ensemble et que l’on redonne ses lettres de noblesse à la notion de rassemblement national, qui est aujourd’hui un projet d’exclusion plutôt que de fraternité.

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