« La brodeuse de Winchester » : un cadeau de Noël cousu main.

Le dixième roman de Tracy Chevalier est paru chez Folio en cette fin d’année. La brodeuse de Winchester nous transporte au sud de l’Angleterre, dans l’entre-deux guerres. La vie en province rurale n’est pas simple, surtout lorsque l’on est une femme célibataire à cause de la der des ders, que l’on a soif d’indépendance et que tout est fait pour que l’on vive sous le joug de sa famille à défaut de trouver un mari. La voie qui nous est tracée ne laisse que peu de place aux chemins de traverse, ceux qui nous permettraient de prendre la fuite. Pourtant, à force de courage et de conviction, rien n’est impossible et, à travers l’art et la beauté, le bonheur est accessible.

La brodeuse de Winchester
La Brodeuse de Winchester

« Des petites choses naît la grandeur. »

Violet Speedwell a 38 ans en 1932. Elle est une modeste dactylo qui cherche à oublier la mort de son fiancé pendant la guerre de 14-18. Elle vit chez une logeuse pour échapper à son acariâtre de mère, mais la liberté a un coût qui l’empêche de manger tous les jours à sa faim. Le quotidien de Violet est ainsi pesant, jusqu’au jour où, en visite dans la cathédrale de Winchester, elle découvre le cercle des brodeuses. L’apprentissage de la broderie va lui ouvrir des portes insoupçonnées. A une époque où le célibat est considéré comme suspect, où le patriarcat est générateur de préjugés en tous genres, l’amitié ainsi que l’amour du beau sont des échappatoires certains.

« Les hommes allaient et venaient en ce monde, comme s’il leur appartenait. »

Tracy Chevalier, encore une fois, nous happe dans un roman vrai, teinté d’humour et d’émotion. Avec une précision historique qui me fait penser à Ken Follett de la première à la dernière ligne, elle nous invite à découvrir l’univers de la broderie et celui de l’art campanaire. L’Europe se relève à peine de la guerre que l’Allemagne laisse déjà apparaitre l’ogre nazi par l’entremise d’Hitler, en pleine conquête de sa nation. Mais dans la campagne anglaise que cette actualité fait vaciller, ce sont les petites mains de l’Histoire que l’auteure met en exergue. Les brodeuses confectionnent des coussins artistiques pour donner des couleurs à la cathédrale tandis que les carillonneurs perpétuent un savoir séculaire extrêmement technique.

« Nous avons tous besoin de faire des choses qui nous sortent de nous-même. »

Après le succès, entre autres, de La jeune fille à la perle, roman adapté au cinéma avec Colin Firth et Scarlett Johansson, Tracy Chevalier confirme ses 3 ingrédients pour une recette littéraire appétissante. Tout d’abord, écrire une petite histoire qui s’intègre parfaitement à la grande Histoire ; ensuite, la parsemer de références artistiques ; enfin la laisser mijoter en y incorporant des sujets très contemporains. En effet, dans La brodeuse de Winchester, il est question d’émancipation de la femme dans un monde d’homme, d’homophobie, d’agressions sexuelles, de libération des mœurs, etc… Et comme un livre traduit s’écrit toujours à 4 mains, je voudrais souligner l’excellent travail de Anouk Neuhoff qui, malgré la technicité des arts évoqués, rend la lecture facile et fluide.

Il est un temps pour tout. Au printemps, on veut lire des romans d’aventure où les personnages viennent à bout de montagnes, jungles et autres océans. En été, c’est d’un bon thriller dont nous avons besoin, avec du suspens, du sang et un dénouement inattendu. En automne, nous nous tournons vers un essai plus ou moins philosophique traitant d’un phénomène de société. Enfin en hiver, blotti sur notre canapé, auprès de la cheminée, avec un plaid sur les jambes et une tisane au gingembre sur la table basse, nous voyageons dans le temps avec La brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier. A mon avis, une très belle idée cadeau pour Noël !

La brodeuse de Winchester est disponible aux éditions Folio.

Tracy Chevalier
Tracy Chevalier

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