REWIND. Il y a 24 ans, les patrons du Trip Hop, MASSIVE ATTACK, sortaient le génialissime Mezzanine.

MASSIVE ATTACK est un collectif issu de Bristol et figure de proue du mouvement Trip Hop piloté par Robert Del Naja (Banksy, ce serait peut-être lui selon la légende urbaine). Le groupe n’a eu de cesse d’innover, piochant dans (presque) tous les styles (Soul, Hip-Hop, Electro …) pour les arranger à sa sauce, brillamment il faut le dire. Sans surprise, MASSIVE ATTACK s’est toujours montré ouvert aux collaborations avec des artistes divers comme c’est le cas dans ce troisième opus paru en 1998 : Mezzanine.

Plus sombre, complexe et incisif (merci aux guitares), cet album marque un tournant dans la discographie du groupe comme dans le genre Trip Hop. Les mélodies oppressantes enrichies de basses lourdes, de voix posées, voire éthérées, ont fait de cet album un pilier de la musique électronique. Incontournable : un véritable mille-feuille sonique qui, malgré les années, n’a pas pris une ride et offre encore, après quelques centaines d’écoutes, toujours autant de subtilités et de plaisir.

massive attack mezzanine

1998 : une année exceptionnelle avec le passionnant Mezzanine (et Zidane qui avait encore un peu de cheveux pour les anciens).

MASSIVE ATTACK nous livre 11 titres dans ce disque qui dépasse l’heure d’écoute. On a le temps de rentrer dedans, vraiment … Et cela peut s’avérer nécessaire.

Avec l’artwork concocté par Nick Knight, on sent qu’on arrive dans un truc un peu bizarre ou du moins à part. Le concept repose sur de multiples photos d’insectes en tout genre mais cette pochette est désormais reconnaissable : le fameux scarabée.

Angel ouvre l’album avec cette ligne de basse bien lourde et hypnotique sur laquelle repose la voix cotonneuse d’Horace Andy seulement tranchée par des riffs de guitare incisifs (parfois noisy). Un condensé du disque avec cette ouverture magistrale : planante, sombre, entêtante.

Risingson enchaîne et se veut un plus Hip Hop dans le rythme (le flow des voix y est pour beaucoup) tout en conservant une ambiance inquiétante. La rupture de rythme en milieu de chanson nous entraîne dans un chemin étrange pour revenir vers des scratchs et le riff initial.

Teadrop débute sur un rythme cardiaque slow tempo comme si nous étions nous-mêmes le morceau. Elisabeth Fraser (chanteuse des Cocteau Twins) nous offre le caractère cristallin et éthéré de sa voix faisant de ce titre un délicieux joyau auditif. L’un des meilleurs titres du disque sans aucun doute.

Inertia Creep se veut plus oriental et tribal dans la construction du son et nous propose une tension contenue.

Exchange interlude instrumental, il constitue une parenthèse apaisée et apaisante avec cette ligne de basse « 2 de tension » (mais tout de même suffisamment groovy) qui nous fait dodeliner de la tête. Très jazzy dans l’esprit.

Dissolved Girl nous entraîne dans un crescendo aux accents Metal (pas pour me déplaire du reste), en opposition à la douceur de la voix de Sara Jay et aux quelques notes de synthé qui rende l’ensemble aérien, flottant.

Man Next Door s’ouvre et nous entraîne dans une mélodie voluptueuse et mélancolique porté par une ligne de basse majestueuse avec quelques accents à la THE CURE (pas un hasard vu que Robert Smith a apporté sa contribution à ce titre).

Black Milk est une pure merveille et remplie de subtilités sonores. Chaloupée, entêtante grâce à cette ligne de basse sans fin et la voix aussi fragile que gracieuse d’Elisabeth Fraser. Un classique Trip Hop.

Mezzanine le titre éponyme revient à un côté plus sombre, plus découpé et expérimental aussi. Morceau aussi inquiétant que brillant.

Group Four est juste aussi beau, mystérieux que sombre que la voix d’Elisabeth Fraser est éclatante de pureté. Il nous entraîne dans une atmosphère étrange et progressive qui aurait pu être un titre de la BO du film Le 5ème élément de Luc Besson. Versatile, imparable, entraînant. L’un des titres les plus forts du disque.

(Exchange) dernier titre qui clôture cet album en beauté.

Mezzanine est juste l’un des meilleurs albums de Trip Hop.

Avec Mezzanine les MASSIVE ATTACK ont démontré leur capacité à rompre avec les deux albums précédents déjà très bons (plus Soul également) et à innover. Cet album, plus rock, puissant et nerveux, ne laisse pas pour autant moins de place aux passages atmosphériques et planants. A la fois étincelant et ténébreux, il constitue pour le moins un chef d’œuvre du groupe qui a réussi le tour de force d’assembler des éléments superposés qui s’opposent, de façon cohérente et mélodieuse.

Cet album, en 1998, conforte MASSIVE ATTACK dans son ancrage Trip Hop et ouvre (surtout) de nouvelles perspectives et des destinations inconnues qui laissent rêveur.

Mezzanine est indémodable et à ranger juste à côté de Dummy de PORTISHEAD.

PLAY IT LOUD!

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