99 PROBLEMS

 

Une amie éditrice m’a dit répété un jour, « Je ne comprends pas pourquoi tu te plains de pas réussir à publier, parce que c’est vraiment vraiment pire après. » Bien entendu, j’ai ri dans ma barbe de dix jours. Fadaises. Le plus dur c’est de mettre le pied dans la porte ! C’est bien connu, Martin Eden pourrait vous en parler. Sauf que. Sauf que ces dernières semaines on aura vu quelques jeunes auteurs se débattre, chacun à leur façon, contre leurs éditeurs, leurs lecteurs, leurs collègues écrivains.

Chez nous, le lauréat du prix de Flore, le (très) jeune Marien Defalvard s’est laissé prendre au jeu d’Internet. Il a commencé par répondre aux commentaires négatifs sur les articles concernant sa personne ou son livre. Puis il a fini sur Wikipédia à se battre avec les taquins qui lui brodaient une biographie un peu trop décalée. Le problème étant que chacune de ses sorties publiques furent perçues comme des arguments pour justifier le trolling à son encontre. Don’t feed the troll. Il n’existe malheureusement pas d’école de l’Internet où l’on apprend la répartie au second degré ou comment lutter avec les haters ou, mieux, comment les ignorer. D’où frictions.

Aux US à la mi-novembre, un primo-édité américain, Sebastian Marshall, s’est fendu sur son blog d’une longue diatribe à l’encontre de son éditeur Simon & Schuester sur son blog. D’après lui, son éditrice était en vacances à la date de rendu du manuscrit, a mis près de deux mois à lui payer son avance et a refusé de l’intégrer aux réflexions de communication et de marketing vis-à-vis du livre. Le jeune Sebastian étant d’une nature colérique, il s’est donc lâché dans un billet qui aura été repris sur plusieurs sites littéraires américains. On ne sait pas encore comme la grande maison S&S aura réagis, mais la frustration du garçon n’en reste pas moins visible et embarrassante pour tout le monde.

Pendant ce temps-là, chez Fluctuat, leur Mr Livres (l’excellent) Benjamin Berton dresse les différentes typologies d’écrivains. Il y décrit un milieu dévoré par la jalousie, où les romanciers du peloton scannent désespérément la presse à la recherche d’articles sur leurs livres, quand ils ne sont pas occupés à se tirer dans les pattes. Il faut dire que Benjamin, après avoir décroché le Goncourt du premier roman, voit ses suivants ouvrages sortir de manière plus discrète, quand bien même il est édité chez Gallimard. On voudrait croire qu’un bon livre rencontrera son public, mais tout n’est pas toujours si simple.

Régulièrement, on voit passer des histoires telles que les trois précédentes, où bien l’on entend des amis édités se plaindre d’un point de détail ou autre. Et ceux qui sont de l’autre côté de la barrière nous disent que, « Sincèrement, si tu penses que publier c’est déjà galère, laisse tomber tout de suite. » Ce serait échanger un vieux problème par pas loin d’une centaine de nouveaux. Si ça se trouve, en fait, le wannabe est dans la position la plus confortable de l’édition.

Autant y rester ? Ou alors on nous cache un truc.

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