A ceux qui ont en vie

paillettes-roses

Il est vingt heures et le soleil vient tout juste de se coucher. La journée vient de commencer.

Elle se réveille au son du bar du rez-de-chaussée. Les paupières ont du mal à s’ouvrir, la nuit a été courte. En ce moment, les temps sont durs et on ne dort jamais bien lorsqu’on se fait du souci.

Une préparation s’impose, elle est un peu en retard aujourd’hui. Avec une élégance insoupçonnable, elle maquille les cicatrices des douleurs du passé avec des paillettes roses. Les jolies jambes de danseuse étoile ont disparu derrière des bas résilles, achetés 85 cents la paire. Elle n’a plus de quoi se trouver jolie.

Elle a tout perdu. D’abord, ses enfants et son mari. Puis tout s’est très vite enchaîné. L’appart’, les meubles, la voiture, les vêtements, les sacs, les chaussures.

La fierté et l’estime, aussi. L’amour propre. Et petit à petit, la confiance en soi.

Mais jamais l’espoir de vivre une autre vie. Elle survit dans l’attente d’un lendemain meilleur. Elle sait que si le soleil se couche, il se lèvera aussi, et elle sera là pour en témoigner.

La souffrance, la douleur, l’abandon, rien de tout cela ne pourra la faire tomber. Chaque jour, elle se relèvera.

« Ce n’est pas moi la pute, c’est la vie. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *