AOW Award Metal 2015 / And the winners are : les fans

Le grand gagnant de notre petit sondage aux prétentions modestes, c’est vous, les fans. Vous vous êtes mobilisés pour défendre votre passion et vos artistes favoris. Merci pour eux !

On n’y croyait pas quand on a arrêté le compteur hier soir. 929 putain de votes pour l’AOW Award Metal français 2015. C’est mes amis de Smash Hit Combo qui remportent la queue du Mickey (avec 301 voix) mais les votes ont été serrés. Quand on a publié le sondage il y a deux semaines, c’est d’abord Mass Hysteria qui a dominé le classement. Puis les fans des autres groupes se sont mobilisés à l’invitation de SHC, The Arrs, JIMM et Praetorian sur leurs pages facebook respectives. Le résultat est là : Aow award 2015 Metal français. Ce classement révèle surtout la capacité des fans à se mobiliser pour défendre leur groupe favori. Et c’est un signal fort. Car la pérennité de la scène Metal repose essentiellement sur nous, les fans.
Je l’ai dit, je ne suis pas un adepte des classements, j’ai des goûts musicaux éclectiques (bien qu’écoutant exclusivement du Metal) mais pas le monopole du bon goût. Je n’ai pas envie d’essayer de départager les skeud que j’ai aimés cette année et il y en a eu un paquet. Ayant écouté pour les chroniquer une petite centaine de projets en 2015, j’ai envie de partager mes ressentis sur le marché de la musique. Bien sûr, ça reste mon point de vue, mais on discute entre chroniqueurs, et on arrive souvent aux mêmes conclusions…donc c’est pas juste mon point de vue en fait!

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Panorama 2015 : la qualité plus que la quantité

La qualité globale des oeuvres qu’on nous propose de chroniquer est plutôt bonne, voire excellente. Les techniques d’enregistrement et de travail sur le son à domicile se sont améliorées. Les pros du circuit comme les débutants font désormais un effort notable sur la prod et même pour les disques enregistrés en DIY, on a de moins en moins affaire à ce son garage à la fois plat, crado et bourré d’écho qu’on croisait encore souvent il y a quelques années (à part pour les scènes qui assument ce côté crade et en font même une marque de fabrique, mais cela reste marginal). Pour peu qu’ils en aient les moyens, les groupes n’hésitent pas à dépenser de la thune pour se payer les services d’un producteur réputé et/ou enregistrer dans un bon studio. Outre l’aspect qualitatif, le producteur connu et le studio réputé sont aussi des marqueurs forts pour les pros. Une bonne carte de visite pour se faire programmer dans des salles ou sur des fest. Parce que pour une grande partie du public, savoir que le disque a été produit ou masterisé par machin ou truc est une info au mieux anecdotique. Il y a une grosse poignée de producteurs « incontournables » dans le circuit qui sont les garants d’un gros son dans l’air du temps. Par exemple à Paris on a Francis Caste et Fred Duquesne qui ont signé quelques uns des skeud les plus remarquables de l’année. Le revers de la médaille, c’est une uniformisation du son. Les groupes vont voir un producteur pour lui demander de les faire sonner comme x ou y et les projets ont tendance à se ressembler, même quand ils appartiennent à des univers musicaux différents.

La variété : Avec 71 sous-genres répertoriés, la scène Metal offrira toujours de quoi varier les plaisirs au fan un peu curieux. Il est en revanche de plus en plus difficile de trouver des projets « purs » sur certaines scènes comme le Stoner ou le Thrash. Les groupes qui se réclament d’un courant le font par association d’idée et entrainent souvent la confusion et se collant plusieurs étiquettes histoire de ratisser plus large. Sans parler des groupes qui inventent un sous-genre maison pour se démarquer ou cacher leurs influences un peu trop évidentes. On voit aussi de plus en plus de groupes qui font des mélanges de genre, et c’est aussi une bonne chose qu’ils ne se laissent pas enfermer dans une catégorie trop codifiée. La surprise, ça a du bon. Variété géographique également puisque la digitalisation des supports permet à des groupes venus de pays qui n’auraient pas les moyens d’exporter en passant uniquement par le physique (ou de se trouver un label à l’etranger) de partager leur musique avec nous. L’Ukraine, le Japon, l’Inde….dernier projet découvert : un groupe de Folk Metal Mongol (Tengger Cavalry).

La quantité : le studio, la prod, le mastering, ça coute. Quand le groupe compose et enregistre, il ne gagne pas d’argent. Ce qui rapporte aujourd’hui, c’est la scène. Par conséquent, le format qui se généralise pour les groupes émergents et de moindre réputation, mais aussi parfois pour les gros groupes qui n’ont plus le vent en poupe ou tentent un come back, c’est l’EP. Disque de 4 à 5 titres d’une durée de 15 à 25 minutes. C’est la bonne carte de visite pour montrer qu’on a une actualité, se rappeler au bon souvenir des fans et l’un dans l’autre, trouver des dates pour jouer et gagner de l’argent. L’EP c’est la version un peu plus aboutie de l’ancienne Démo, qui a pour sa part quasiment disparu.

Les supports : Technique de diffusion quasi gratuite, le numérique devient le canal le plus courant. Nombre de projets n’existent qu’en format numérique, distribué à travers les plateformes de streaming, notamment Soundcloud et Bandcamp. Ce dernier site permet d’acheter le disque et de posséder des droits d’écoute illimités ou de téléchargement en différents formats. Autre possibilité mais avec une rémunération proche de rien pour l’artiste, Deezer ou Spotify qui offrent une bonne visibilité, même si Spotify reconnait que 25% de son catalogue n’a jamais été écouté par personne! Sur les plateformes digitales, l’ultime recours (gratuit) consistant à distribuer sa musique uniquement via Youtube reste une exception (heureusement). L’autre tendance qui se confirme c’est la diffusion de supports physiques pour collectionneurs. Des artistes misent sur les éditions vinyle pour toucher un public averti de fans amateurs du son organique du diamant grattant le sillon. Certains prédisent que le retour du vinyle sonne le glas du CD cristal, produit ringard qui reste cependant le format physique le plus distribué. Enfin quelques groupes se positionnant sur un créneau vintage revival poussent le délire jusqu’à la réédition de K7 audio, certainement le format le plus dégueulasse en terme de rendu.

Les réseaux sociaux : Le moyen pour un groupe de discuter avec son public, partager des infos sur les dates, les clips, le merch…bref une passerelle incontournable pour tous les groupes, notamment ceux qui n’ont pas la reconnaissance de la presse traditionnelle…mais peuvent compter sur un nombre impressionnant de webzine et blogs. La page facebook est aussi le moyen le plus avantageux de communiquer et bien des groupes ont renoncé à un site internet au profit de la seule page facebook. Une erreur à mon avis : la maquette et le contenu sont fixés par facebook qui peut supprimer une page du jour au lendemain sans préavis ni motivation (c’est arrivé deux fois à Praetorian cette année). En outre la timeline facebook est assez contraignante et incite les visiteurs à ne consulter que les infos les plus récentes. Enfin le groupe qui se contente de pousser son contenu sans interagir avec sa fanbase n’a rien compris au concept de réseau social. Comme beaucoup d’utilisateurs (par exemple : les hommes politiques), les groupes sont très présents sur twitter mais n’ont absolument rien compris au fonctionnement du réseau. Ils se contentent de faire du push info fadasse ou de retwitter / liker tous les twit qui parlent d’eux. Entre ça et rien, il n’y a qu’un pas. Enfin, les groupes s’installent de plus en plus sur Youtube et ça par contre, c’est super, car de la bonne video sur les groupes, clips ou live, ça manque souvent cruellement et pourtant, quelle carte de visite!

La scène : J’habite en région parisienne, je n’ai donc pas à me plaindre, il y a vraiment beaucoup de concerts, sans parler des festivals (rien que pour Paris et le Metal, cette année nous aurons le Download en juin et le Fall Of Summer 2016 qui se déroulera les 2 et 3 septembres). Je ne suis pas une bête de concerts mais cette année j’ai pu en faire une bonne dizaine dans de bonnes conditions (petites salle, bière pas chère, artistes proches du public). Pour les artistes, le constat est mitigé. Les organisateurs sont un peu frileux, c’est difficile de faire venir du public de curieux non connaisseurs. Je prends toujours le même exemple : Dave Lombardo, l’ex batteur de Slayer, a monté un projet qui s’appelle Philm. Il a joué deux fois à Paris au Glazart et n’a jamais déplacé plus de 200 curieux…donc Paris ou pas, public de fans ou pas, toutes les dates ne font pas vibrer les foules. En outre, la faute aux subventions qui diminuent, il y a aussi de moins en moins de salles…

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J’ai l’impression que le 21ème siècle entraine un changement de paradigme pour la musique. Des choses changent, certaines en bien, d’autre en moins bien, mais la musique sera toujours là, il y aura toujours des artistes pour la faire et des fans pour l’écouter.

Pour conclure on vous offre le dernier clip de SMASH HIT COMBO Sous pression. J’ai eu le plaisir d’interviewer Smash Hit Combo le 27 novembre (si tu es intéressé, c’est ici). Brice (batteur) m’a dit qu’une série de clips viendraient expliquer la signification du personnage représenté sur l’artwork de l’album…à suivre donc.

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Bon, sur ce rendez-vous au Hellfest !

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