Aura Blaze sort le Bontempi du grenier

Aura Blaze est un one man band libanais qui dépoussière les claviers dans un debut album éponyme lumineux

Avec son artwork psychédélique polychrome et sa graphie qui fleure bon les années Flower Power, difficile de louper le debut album éponyme du groupe Aura Blaze. Derrière ce blaze (oui, je sais, c’est nul) se cache Rhode Rachel, un multi-instrumentiste libanais. Un musicien solitaire qui a choisi de monter un groupe à lui tout seul plutôt que de se présenter sous son propre patronyme, probablement car il sera ainsi plus facile de fédérer de nouveaux musiciens quand l’occasion se présentera. Pourquoi un one man band ? Peut-être parce que l’organisation nécessaire à un travail de groupe n’est pas toujours compatible avec la vie, parce que dans certaines régions, on ne trouve pas facilement tous les musiciens nécessaires à un projet mais aussi parce que, lorsqu’on est seul, on jouit de toute la liberté qu’on veut pour composer comme on veut, enregistrer quand on veut et donner au projet la coloration exacte qu’on lui a rêvée.

Pour Aura Blaze, la coloration est un cocktail détonant de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel plus les quelques couleurs planquées qu’on ne distingue que lors d’un trip à l’acide. Parce que la musique du groupe est vraiment très haut perché. C’est une explosion de sensations fuzzées, qui sentent la chemise à jabot, le pantalon patte d’éléphant blanc, le soleil, l’océan et les lunettes de soleil mouche…bref, c’est de la musique vintage.

Des claviers comme on n’en fait plus depuis l’élection de Ronald Reagan

Ce qui distingue clairement Aura Blaze de la plupart des productions vintage qui envahissent les rayonnages des disquaires (attestant d’un manque flagrant d’audace et de créativité), c’est l’utilisation de claviers lumineux. Ces claviers donnent de la profondeur à la rythmique quand ils ne prennent pas le large à l’occasion de soli à se pâmer comme sur l’un des meilleurs morceaux de la galette, le stratosphérique Sub-Earthen Patchwork Taurus.

A l’écoute de ce morceau, vous aurez peut-être l’impression d’avoir déjà entendu la mélodie ailleurs. Moi je lui trouve un petit air de famille avec le Mad World de Gary Jules, mais j’ai posé la question à Rhode Rachel qui m’a répondu que non pas du tout…

Malgré sa durée standard (46 minutes pour 10 pistes), l’album parait parfois bien long, Aura Blaze ayant une tendance à la complaisance qui l’amène à étirer plus que de raisons certains titres. Mais l’un dans l’autre, ce défaut d’orgueil est pardonné car s’il donne lieu à quelques titres évitables, il débouche aussi sur des joyaux comme le précité Sub-Earthen Patchwork Taurus. Ce disque auto-enregistré, auto-produit, auto-mixé, auto-distribué et auto-promu est également une belle démonstration d’auto-gestion musicale qui devrait redonner espoir à tous les musiciens aigris et solitaires qui ont l’impression que ce n’est pas possible. La musique du XXIème siècle n’a clairement pas la même configuration que celle du siècle précédent, mais il est encore possible de sortir quelque chose de différent à condition de s’en donner les moyens.

aura blaze

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