C’est une bien belle surprise que j’ai eu il y a deux semaines en me baladant dans le métro et en voyant les affiches d’un long métrage d’animation dont je ne subodorais point l’existence. Surprise due au fait qu’il s’agissait d’un film dont les designs ont été entièrement gérés par Jaques Tardi l’un de mes maitres du 9ème art Français. Tardi, le Papa d’Adèle Blanc Sec l’enquêtrice du début du 20ème siècle qui sillonne Paris à la recherche de Momies et de Néanderthaliens philosophes. Tardi auteur qui enfant ne me parlais pas plus que ça et qui à l’age adulte a commencé à me captiver et dont je suis devenu un fan hardcore. Donc vous pouvez imaginer ma surprise lorsque je connu l’existence de Avril et le monde truqué fable baignant dans un esprit steampunk qui sied parfaitement à l’univers graphique de cet amoureux de Paris qu’est Tardi depuis toujours.
Avril et le monde truqué raconte une histoire rocambolesque située dans une réalité alternative où le monde est bien différent de celui décrit par l’Histoire que nous connaissons. Napoléon V règne sur la France, où depuis 70 ans des savants disparaissent mystérieusement, privant l’humanité des inventions qui l’auraient faite avancer. Un univers embourbé dans une technologie désuète issue d’un XIXème siècle alternatif, gouverné par le charbon et la vapeur. C’est dans cette uchronie, que vit Avril une jeune femme qui part à la recherche de ses parents, scientifiques disparus, en compagnie de Darwin, son chat qui parle et Julius un petit voyou au grand cœur. Ce trio devra affronter de grands périls afin de connaître la raison de ces enlèvements de savants.
Réalisé par Franck Ekinci et Christian Desmares (dont c’est le premier long après avoir travaillé sur des films comme Corto Maltese ou Persépolis) Avril et le monde truqué est une bouffé d’air frais dans l’univers des films d’animation actuels. Très loin des productions américaines en synthèses façons Pixar (que j’adore au passage) le film bénéficie d’une animation traditionnelle et qui semble plus être de la bande dessinée animée que du dessin animé dont on a l’habitude. La direction artistique de Tardi et c’est bien pour cela qu’on a fait appelle à lui, est magnifique. Chaque image semble être sortie d’une de ses planches. On pense à son univers auquel il est fait énormément de clins d’oeil et dont certains personnages font un petit caméo comme s’ils étaient figurants ou silhouettes. Mais on en vient aussi à penser à l’univers de Myasaki en disons le carrément moins venteux.
Si la senteur de zinc et du cuivre rappelle sans arrêts le monde du steampunk, il n’est cependant pas à son paroxysme. Énorme délire oniricochmardesque pouvant parfois rappeler Brazil de par ses structures architecturales Parisiennes Haussmanniennes perforés de tuyauteries fumantes et grinçantes. Les personnages sont truculents et fort bien écrits, une galerie allant de Pops le grand père d’Avril dont la voix n’est autre que celle de l’immense Jean Rochefort, Darwin le chat parlant campé par Phillippe Katerine et Marion Cottillard qui prête sa jolie voix à la jeune Avril.
Un très beau film d’animation que je recommande et en particulier aux fans de Tardi qui, comme moi, ont vomi des monceaux de cafards larmoyants à la vue du massacre perpétré par cette grosse ordure de Besson qui a littéralement chié dans la bouche de Tardi (en lui donnant plein d’argent pour le faire) et de ses fans avec son abominable Les aventures d’Adèle Blanc Sec. Ici on en vient à rêver qu’une série animé et à 100 % gérée par le maitre Tardi soit faite sur Adèle Blanc Sec afin de rattraper l’affront Bessonnien. Qu’à cela ne tienne Avril et le monde truqué est un formidable film d’animation hexagonal et qui change aussi pas mal du style trop sobre et même parfois moche d’un grand nombre de films d’animation cocoriquesque.
