Avril, roman de Jérémie Lefebvre, met en scène un mouvement insurrectionnel d’extrême gauche qui réussit à s’emparer du pouvoir en France.
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Bonjour et bienvenue dans « un dernier livre avant l’apocalypse nucléaire », la chronique littéraire bimensuelle pour bien choisir ses lectures en attendant la mort dans d’atroces souffrances.
L’apocalypse nucléaire arrive et vous ne savez plus quoi lire ?
Il n’y aura bientôt plus assez d’eau pour refroidir nos centrales, et vous êtes en quête d’un bon bouquin ?
Les missiles nucléaires arrivent en Biélorussie, et vous ressentez le besoin d’une lecture solide, puissante, et réconfortante ?
Pas de panique, nous sommes là pour ça. Cette semaine : Avril de Jérémie Lefebvre.
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Avril est le quatrième mois de l’année dans le calendrier grégorien. Il est souvent gris, tristoune et pluvieux, et il n’y a franchement pas de quoi en faire tout un roman.
C’était juste une fausse intro pour distraire le lecteur, mais je m’aperçois que ça ressemble furieusement à une définition de ma vie… Vous m’en voyez troublé.
Reprenons.
Avril (en italique, cette fois) est une fiction qui se déroule dans l’Hexagone juste après l’arrivée au pouvoir d’un mouvement insurrectionnel d’extrême gauche.
Et ça se passe en ?… en ?… en ? voilà, c’est ça, en avril.
Toute ressemblance avec la situation actuelle en France étant purement VOLONTAIRE de ma part. Le livre est sorti en 2016, au moment du mouvement Nuit Debout, par pure coïncidence ; je le relis en Mars 2023, par pur opportunisme pour cette chronique. (Bon, et aussi un peu par plaisir, hein).
Le roman raconte les premières mesures mises en place par les révolutionnaires, la toute première étant l’abolition de la propriété privée via un échange de logements entre la classe bourgeoise déportée en banlieue, et gens du peuple relogés dans des maisons de Neuilly ou des apparts du XVIè.
Le programme de la Convention Nationale portée au pouvoir, développé sous forme de décrets, est très précis et foncièrement anticapitaliste. Tel un petit manuel de la gauche révolutionnaire, il fourmille d’idées brillantes sur l’organisation de la société que je vous laisse découvrir pour ne rien vous gâcher.
La narration est particulièrement intéressante en ceci qu’elle est constituée d’une foultitude de monologues de personnages de tous les horizons de la société (révolutionnaires, oppressés, gens du peuple, minorités, privilégiés…) qui n’apparaissent qu’une seule fois dans le roman, en alternance avec les décrets de la Convention Nationale au pouvoir, mais également des articles de presse.
(« Multiplication des voix, multiplication des voies ? » un colloque animé par le professeur Zantrop ce jeudi soir à 20 h dans la grande salle de la médiathèque Franck Ribéry de Gifle-sur-Yvonne.)
De cette élégante manière, chacun pourra y trouver satisfaction ; les prorévolutionnaires ou insurgés dans l’âme penseront que ce livre a été écrit spécialement pour eux, les anti y trouveront fatalement les éléments négatifs caractéristiques d’un mouvement révolutionnaire et les dérives totalitaires d’un épisode digne de la Terreur, tandis que les « sans opinion » ne se prononceront pas à hauteur de 26 %.
Seul regret, si l’auteur était vraiment allé jusqu’au bout dans son processus révolutionnaire, ce livre aurait dû en toute logique s’appeler « Germinal » dans le calendrier révolutionnaire…
(… sauf qu’apparemment c’était déjà pris par un obscur écrivain répondant au nom d’Émile Zola. Pas de bol !)
C’est la troisième fois que je lis Avril et franchement, j’y trouve toujours autant de plaisir.
Et de motivation.
Un livre à lire avant l’Apocalypse nucléaire ; mais tardez pas trop à le commencer quand même…
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Avril, Jérémie Lefebvre, Editions Buchet-Chastel, 2016
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