Ça de Andrés Muschietti le retour en demi teinte de King au cinéma…

Il est en effet assez triste de constater a quel point Hollywood est en manque d’idées ou disons le tout net victime de la frilosité de producteurs moguls qui ne sont absolument plus en phase avec la demande de spectateur.  La preuve ces flopées de remakes et reboot qui fourmillent depuis des années et qui la plupart du temps font de véritables flops. Il est pourtant bon de noter que ces mêmes producteurs ont la chance d’avoir un outil de mesure parfait qui est le net. Malheureusement ils ne semblent pas vouloir écouter les demandes, les supplications et les coups de gueules des fans de certains films se faisant honteusement remaker. Exemples Robocop, Ghostbusters et autres Freddy de triste mémoire. Mais depuis quelques temps, en parallèle il existe des réalisateurs artisans amoureux du genre dans lequel ils officient et qui se battent pour imposer une griffe emprunte de nostalgie lorsqu’ils se retrouvent a devoir accepter afin de se lancer dans l’orbite d’Hollywood et de se destiner a une carrière juteuse comme celle de leurs modèles. Et autant dire que si l’originalité n’est plus trop de mise à Hollywood, la jeune génération se démène pour offrir des films qui a défaut d’originalités sont fort bien torchés.

Parmi ces reprises un film semble se démarquer un tant soit peu la plupart de ces reprises. L’adaptation cinématographique et non télévisuelle du double roman de l’immense Stephen King j’ai nommé Ça que réalise le jeune réalisateur argentin Andrés Muschietti. Réalisateur ultra doué qui serait déjà au sommet si les sujets de ces films n’étaient pas aussi fadasse. Le pourtant bien réalisé et malgré tout médiocre Mama en est un bel exemple. Qu’à cela ne tienne, remplaçant de justesse le réalisateur Cary Fukunaga (True Detective) aux commandes de Ça, Muschietti ne failli pas du tout face au pavé du maitre de l’horreur. On est assez loin de l’adaptation de 1990 qui si elle s’était avéré être un sympathique téléfilm réalisé par Tommy Lee Wallace (Vampire vous avez dit Vampire 2, Halloween 3 le sang du sorcier) l’un des principaux acolytes de John Carpenter, ne marquait pas par ses qualités filmiques. Certes le formidable Tim Curry campait un clown Pennywise qui a marqué des générations de coulrophobes (peur des clowns), mais qui personnellement ne m’a jamais terrifié. En même temps j’ai un tel amour pour les clowns que j’ai bien du mal à flipper devant eux.

 Ça qu’est ce que ça raconte ? Ici Muschietti a clairement divisé la partie de la vie adolescente de ses protagonistes, de celle qu’ils auront adultes.

À Derry, dans le Maine, sept gamins se sont regroupés au sein de ce qu’ils appellent  « Club des Ratés ». Rejetés par leurs camarades, ils sont les cibles des gros durs du coin. Ils ont aussi en commun la peur profonde d’un monstre métamorphe qu’ils appellent Ça et qui depuis toujours tous les 27 ans sort des tréfonds de la ville pour se nourrir des terreurs de ses victimes de choix : les enfants. Bien décidés à rester soudés, les Ratés tentent de surmonter leurs peurs pour enrayer un nouveau cycle meurtrier.

Les origines de Ça ne sont jamais réellement expliqués, mais il semblerait qu’à un moment la créature maléfique ai pris la forme d’un clown d’un cirque itinérant de la fin du 19ème siècle. Et c’est sous cette forme là que King a su créer la légende du clown (soit disant) le plus terrifiant de l’histoire de la littérature et du cinéma. Mais en tant que grand amateur de fantastique et tout autant du beau métier en voie de disparition de l’art Clownesque, je me dois de remettre un peu les pendules à l’heure. Car si Ça est aussi célèbre et  a terrifié des pétoires de gens au travers des décennies, il a surtout involontairement foutu une sacrée scoumoune aux véritables clowns de cirque qui eux n’avaient rien demandé. Les clowns d’anniversaires (véritable métier aux états unis) se voyant perdre depuis un grand nombre d’années contrats sur contrats, et depuis l’avènement du net des abrutis déguisés en clowns s’amusant dans des caméras cachées scabreuses à terroriser les passants. Alors bien entendu ce n’est pas la faute de King, la coulrophobie existe depuis plus de 200 ans lors de l’arrivée des premiers clowns de cirque, les facéties et leurs maquillages parfois outranciers ont fait flipper des gens, mais ce n’est pas faute de Stephen King. Il y a bien la peur du dentiste, des statues et autres. Les réalisateurs et auteurs ne font qu’utiliser ces peurs souvent absurdes pour nourrir leurs récits. Mais bien que je comprenne la colère des clowns et amis des clowns a travers le monde, il est aussi bête de s’en prendre à Hollywood et a King à ce sujet que si on allait casser la gueule à Rodin à cause de ses statues. Le serial Killer tristement célèbre John Wayne Gacy qui se déguisait en clown pour attirer certaine de ces victimes a fait bien plus de mal aux clowns qu’autre chose. Donc SVP n’apprenez pas à vos enfants que les clowns sont dangereux ou mauvais, ils sont juste la quintessence de l’enfance, du grotesque et du merveilleux.

Je sors donc de ce petit aparté pro clown et j’en reviens a Ça. Qu’en est il de cette adaptation classieuse du roman culte ? Et bien autant dire que le film est en grande partie assez réussi, c’est un magnifique plaidoyer sur les affres de l’enfances et sur la confrontation de l’âge ingrat au monde des adultes. Les jeunes protagonistes sont tous sans exceptions magnifiquement interprétés, les dialogues sont ciselés et on ressent un attachement sans bornes à ce club des ratés auquel il est fort aisé (dans mon cas en tout cas) de s’identifier. L’univers de King est en grande partie basé sur ses propres expériences, sur la ruralité et les microcosmes sociétaires des petites villes Américaines. Une société de l’apparence où ceux qui ne sont pas dans le moule, qui ne sont ni dans l’équipe de foot, ni cheerleader, sont traités comme des sous merdes. Un stéréotype qui malheureusement n’en est pas un et qui fait des ravages au sein des écoles et des facultés ricaines. Toute leur société est basé sur l’idée du gagnant. Sur des faux semblants et les non dits. L’homme est un loup pour l’homme, et autant dire que King a toujours su mettre en lumière les vices cachés de notre monde, inceste, adultère, tricherie, violence conjugale sont au final les véritables monstres. Et les traumatismes d’enfance sont les fers de lance de son univers. Et Ça n’est au final que cela. Et si l’alchimie entre les enfants fonctionne comme rarement depuis les illustres productions Spielberg/ Amblin des années 80, il n’en est pas forcement de même avec le croquemitaine en titre. Car si Ça est bien interprété par le jeune Bill Skasgard, il est bien trop présent, bien trop humanisé et surtout bien trop jeune. Je citais plus haut Tim Curry son prédécesseur dans le même rôle, qui a défaut d’être terrifiant sauf pour les coulrophobes était plus discret et plus marquant. Quand on pense que le réalisateur d’origine viré du projet pour (différents artistiques) voulait caster la génial actrice polymorphe Tilda Swinton pour le rôle de Pennywise, je pense qu’on a beaucoup perdu au change. Ici Skasgard en fait dix fois trop et semble oublier qu’il n’est pas un clown mais une créature métamorphe. Il est bien trop bavard et bien que Muschetti ai fait tout son possible pour magnifier ses apparitions, il les a plombées avec des effets parfois savamment ridicules de mouvements accélérés digne des pires séries B des années 2000. Alors oui les apparitions feront flipper les coulrophobes, mais franchement on a vu bien mieux niveau flippe ultime. Au lieu de bien appuyer sur le côté réellement malsain de la créature qui n’est qu’une métaphore du monde malsain de l’âge adulte, il n’en fait au final qu’un croquemitaine herzat de Freddy Krueger. Alors certes, certaines scènes de Pennywise le clown restent efficaces, et je lui reconnais la capacité de faire flipper des coulrophobes. Mais il reste trop clean, trop lisse et surtout son interprète bien que talentueux est bien trop jeune.

Hormis ce détail qui n’en est pas un, Ça est somme toute a défaut d’être réellement flippant comme le furent certains classiques comme Simetierre, Shining, ou l’exorciste.C’est un bon film assez sympathique qui possède des moments de fulgurances, mais qui semble plombé par un cahier des charges précis à savoir faire flipper les spectateurs avec ce satané clown. Sauf que de nos jours l’art de faire peur ayant bel et bien disparu, Ça se base une fois de plus sur des ficelles faciles, et il faut bien admettre que côté flippe, le spectateur des nouvelles générations, je parle de ceux nés dans les années 80 et 90 qui je l’ai remarqué sont facilement effrayé par un rien lorsqu’ils sont dans les salles obscures. Le spectacle est souvent plus dans la salle que sur l’écran tellement le spectateur actuel est facilement gavable de jump scare et autres effets de trains fantômes de fête à neuneu. En même temps ce publique est du pain béni pour les réalisateurs et surtout les producteurs. La peur facile a la côte.

Côté casting outre l’excellent, mais trop jeune et bavard Bill Skasgard, on retrouve une belle brochette de gamins acteurs tous plus doués les uns que les autres. Qui forment a eux sept ce bel échantillon de jeunesse tout droit sorti des années 80 où se déroule le film, Le livre se déroule dans les années 60 et lorsqu’ils sont adultes ça se déroule dans les 90’s. Ici Muschietti s’est adapté et c’est tant mieux car les années 80 vivent un revival sans précédent. Voir la super série Netflix Strangers things (que j’adore malgré quelques défauts) qui fait amplement appel à nos souvenirs et références et dont l’un des jeunes acteurs principaux Finn Wolfhard interprète dans Ça le rôle de Richy Tozier le petit rigolo bavard de la bande et qui s’éloigne ici parfaitement de son rôle de gamin timide de Strangers Things. Mais la véritable révélation du film est la jeune actrice Sophia Lillis qui crève littéralement l’écran pour son rôle de Beverly Marsh.

Outre la belle mise en scène et l’excellente direction artistique, la palme revient à la fabuleuse bande originale composée par Benjamin Wallfisch qui permet au spectateur de retourner au confins d’une enfance qui a baignée dans les productions Spielbergiennes.

Je dirais que côté adaptation Ça a plus de chance que ce qui est pour moi le chef d’œuvre littéraire de Stephen King la Tour Sombre qui vient de sacrément se faire violer et souiller par des producteurs peu scrupuleux. King quand a lui semble être plus très regardant quand a ses adaptations, il faut dire qu’il a été souvent malmené en terme d’adaptations. Par exemple un des meilleurs films tirés d’un de ses romans est Shining de Kubrick, film formidable et incroyable qui malgré sa perfection est une immense trahison vis à vis du bouquin, Simetierre est peut être la plus belle adaptation d’un bouquin de King, un des derniers véritables films d’horreurs qui fait vraiment peur, non pas au travers de gimmicks de foire, mais d’une véritable atmosphère flippante. Suivra des années plus tard un autre chef d’œuvre The Mist qui est une réussite absolue. A part ça on ne compte plus les adaptations bâclées ou opportunistes. Mais aussi pas mal de beaux monuments du cinéma fantastique comme Christine, Dead Zone, Creepshow, Misery ou le Bazar de l’épouvante, la Ligne Verte et Les évadés sortiront du lot, mais en général King ne fut pas chanceux surtout durant les 90’s. Il se contente a présent d’empocher un bon gros chèque et de dire qu’il aime. Il est néanmoins fort dommage que les studios Warner aient viré Cary Fukunaga de Ça car le film aurait été pour le coup bien plus sombre et malsain que ce qui est au final un film d’horreur un chouilla tout public qui ne va pas assez loin dans le malsain et la peur.

 

Au final si il possède d’indéniables qualités Ça est quand même loin d’être  le meilleur film du siècle. En tout cas le film est assez bien troussé pour donner envie de voir le prochain qui ne saura tarder à mon avis et qui comptera le retour des protagonistes une vingtaine d’années plus tard. Je n’ose imaginer les stars qu’ils vont engager pour cela. Alors Ça est un bon film, techniquement pas mal au dessus de certaines productions horrifiques actuelles, mais qui est victime de son trop plein de promotion et de sa surévaluation par les distributeurs. 

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